C’est un nouveau paradigme de la notion de longévité qui s’ouvre avec cette étude. Alors que 60 ans sera bientôt le milieu de la vie et que la durée de vie en bonne santé progresse constamment, le concept d’âge avancé doit totalement être reconsidéré. Plutôt que de se baser sur l’âge, y compris sur le plan clinique, ne vaudrait-il pas mieux regarder le temps qui nous reste à vivre? Ainsi, l’augmentation impressionnante de la durée de vie fait que ce qui était considéré comme un âge avancé doit aujourd’hui être reconsidéré comme un âge moyen, une tendance qui pourrait encore se poursuivre dans l’avenir. Le paradoxe est là, l’augmentation de la longévité pourrait ralentir aussi le vieillissement relatif. Parmi les implications de cette très intéressante étude, présentée dans PLoS ONE, il y a la notion de la vitesse du vieillissement relatif des différents pays.
Les professionnels de la santé, les épidémiologistes, ont longtemps considéré 65 ans comme l’âge auquel une personne devient âgée, sous-entendant qu’il » ne lui restait que quelques années à vivre « .Aujourd’hui cette classification, quasi-clinique, n’est plus de mise, expliquent ces chercheurs de la Stony Brook University (US) et de l’International Institute for Applied Systems Analysis (Autriche). Car l’espérance de vie moyenne est bien passée à 79 ans pour les hommes et 82 pour les femmes.
Ils nous livrent une analyse de données de populations européennes qui aboutit à plusieurs scénarii possibles dans le futur, en fonction de différentes hypothèses d’évolution des taux de natalité, de mortalité et de migration. L’objectif étant de modéliser l’évolution du vieillissement en population générale pour définir une nouvelle mesure ici nommée « âge prospectif » qui prendrait en compte l’évolution de l’espérance de vie, c’est-à-dire non seulement les années vécues mais aussi les années qui restent à vivre à une époque donnée.
L’idée est donc, également, de considérer que le nombre d’années restant à vivre ne peut, en dessous d’un certain seuil, 15 ans par exemple, ou au-dessus d’un certain âge, 65 ans par exemple, être simplement associé au qualificatif » âgé « .
En synthèse, les chercheurs démontent les mesures classiques et actuelles du vieillissement qui ne tiennent pas compte des hausses d’espérance de vie et donc n’entraînent pas les implications, nécessaires, en termes de mode de vie. Si l’on est moins vieux aujourd’hui à 60 ans, le mode de vie des soixantenaires doit aussi » suivre le mouvement « . Ainsi, avec cette prise en compte d’une espérance de vie qui augmente, de nombreux seuils choisis par les études scientifiques deviennent arbitraires. L’idée est donc d’interpréter les chiffres dans une perspective toujours évolutive.
Parmi les implications pratiques, sur le mode de vie, l’exercice physique : les adultes âgés de 65 ans, en forme et sans limite particulière de mobilité, devraient pratiquer
· au moins 2 heures et demi d’exercice d’intensité modérée de type aérobie, comme le vélo ou la marche rapide, chaque semaine, et pratiquer, en plus des exercices musculaires au moins 2 fois par semaine de manière à faire travailler les principaux groupes musculaires (jambes, hanches, dos, abdos, pectoraux, épaules et bras),
ou encore,
· 1 heure et 15 minutes d’exercice physique intense comme le jogging soutenu, le tennis + les exercices de renforcement musculaire au moins deux fois par semaine
ou encore,
· une combinaison des deux types d’activités.
Les implications de ce changement de paradigme sont nombreuses et touchent à de nombreux domaines (activité professionnelles, sports et loisirs, sommeil, …).
Source:PLOS One April 15 2015 DOI: 10.1371/journal.pone.0121922Faster Increases in Human Life Expectancy Could Lead to Slower Population Aging