UNEF: le dossier

Publié le 16 avril 2015 par Tiavina Kleber @ktiav_

Du jeudi 9 au dimanche 12 avril se tenait le 84ème congrès de l’UNEF à Nantes. Y a été dressé le bilan des deux dernières années et votée l’orientation du syndicat étudiant. L’équipe de Descartes to the Stars, l’émission des associations, y était. Retour sur l'événement et aperçu du syndicat.



 Le syndicat


Son histoire


            En 1907 nait l’UNAGEF (Union Nationale des Associations Générales des Etudiants de France), qui deviendra rapidement l’UNEF (Union Nationale des Etudiants de France). Elle lutte en faveur des droits des étudiants et sera reconnue d’utilité publique en 1929. C’est elle qui créera en 1936 le CSO (Comité Supérieur des Œuvres), l’ancêtre de notre Crous.
Si l’UNEF a souffert de la Première Guerre Mondiale, elle résistera bien mieux à la seconde, d’ailleurs certains de ses membres s’engageront dans la Résistance, d’autres manifesteront contre l’occupation allemande. A Grenoble, en 1946, elle rédigera la Charte, sur laquelle elle s’appuie toujours aujourd’hui, définissant l’étudiant comme un « jeune travailleur intellectuel », lui conférant ainsi des droits en tant que jeune, travailleur et… intellectuel. En 1948, elle fonde son propre régime de Sécurité Sociale : la MNEF. Un demi-siècle lourd de victoires est déjà passé, la décennie suivante n’en sera pas moins chargée. En 1960, l’UNEF manifeste contre la guerre d’Algérie, lance plusieurs grèves en 1963 et 1965 et se mobilise en Mai 68. Mais suite à cela, elle s’affaiblira et se scindera en 1971 fondant ainsi l’UNEF-US et l’UNEF-Renouveau qui deviendront respectivement en 1980 l’UNEF-ID et l’UNEF-SE. L’UNEF-ID conservera seule la direction de la MNEF qui chutera en 1998 suite à des problèmes de détournement d’argent et des liens troubles avec le PS. Sous la pression de l’UNEF-SE et de la FAGE (Fédération des Associations Générales des Etudiants, qui fera probablement l’objet d’un autre article…) l’UNEF-ID est donc contrainte d’abandonner la MNEF pour qu’en 2000 soit créée la LMDE, gérée conjointement par les deux UNEF, et la FAGE. Mais cette dernière arrêtant de s’y intéresser la laissera tomber au profit de l’UNEF qui se réunifie en 2001. Depuis, l’UNEF ne reste pas inactive, manifestant contre le Contrat Première Embauche en 2006 et contre la réforme des retraites en 2010, obtenant un dixième mois de bourse en 2011 et 200 millions d’euros pour gonfler le montant des bourses aux rentrées 2013 et 2014, lesquelles 200 millions étaient l’un des leitmotiv du 84ème congrès national de l’UNEF…

Sa structure


   L’UNEF c’est des dates, des chiffres, mais également une structure propre. La politique du syndicat est déterminée conjointement par quatre tendances et une sensibilité aux acronymes marquants (TMN, TUAS, TASER, TACLE et STEP), chacune possédant sa propre idée quant à l’évolution de l’UNEF. Jadis vaguement paritaire, l’UNEF est désormais largement dominée par une tendance, la TMN (Tendance « Majorité Nationale ») dans laquelle s’inclut la STEP (Sensibilité « Tout est possible »), qui représente près de trois quarts du syndicat, dictant ainsi sa ligne de conduite. Notons toutefois la légère remontée à 14% de la TUAS, ou UAS (Tendance « Unité et Action Syndicale »), souhaitant mettre fin au système de tendances.

Le congrès


Le congrès national de l’UNEF est l’occasion pour les adhérents et des intéressés de se rencontrer, se retrouver et échanger. C’est également, pour les nouveaux venus, de faire valoir leur cause et d’expliquer leur choix pour l’UNEF s’ils le souhaitent. S’étalant sur 4 jours, le programme de l’événement est dense : débats, votes, ateliers, tables rondes, allocutions, etc…   Le congrès débute le jeudi après-midi avec une séance inaugurale menée par le président de l’UNEF, William Martinet. Ce premier jour est dédié aux grands points du programme : table ronde sur l’action syndicale dans la francophonie, le thème principal du congrès, et les discours de Najat Vallaud Belkacem assurant accorder son soutien à l’UNEF et de Christiane Taubira, garde des sceaux, qui, revêtant son vêtement d’enfant terrible du gouvernement, félicite le syndicat étudiant et l’encourage à continuer à résister au gouvernement.

   La journée de vendredi est placée sous le signe des syndicats : Etienne Castillo, Inès Minin, Emilie Trigo, Philippe Martinez et Bernadette Groison (représentant respectivement FO, CFDT, UNSA, CGT et FSU) viennent tous témoigner du soutien des plus importants syndicats en faveur de l’UNEF et sont chacun gratifiés par un tonnerre d’applaudissement. Plusieurs tables rondes sont également organisées sur les thèmes de la démocratie, de l’environnement, de l’économie solidaire et des discriminations, toujours dans le même esprit : par les jeunes, pour les jeunes.   Le congrès de l’UNEF, ce n’est pas que des discours enflammés et des heures de réflexions en comité, c’est également l’occasion de faire connaissance avec des étudiants venus de France et d’ailleurs, c’est un véritable petit forum politique et culturel. Les journées commencent tôt et finissent… tôt dans la matinée évidemment : quoi de mieux que faire la fête entre partisans d’un monde social et solidaire ? Mais c’est justement pour le faire avance, ce monde, que le syndicat s’est réuni, alors les débats et ateliers s’enchainent jusqu’au samedi soir, s’arrêtant pour célébrer le départ de certains membres, et reprenant dès le lendemain jusqu’aux votes d’orientation.

   Les votes d’orientation, ces votes qui vont déterminer la feuille de route de l’UNEF pour les deux années à venir, sont le fruit de trois jours d’intense réflexion, de débats houleux et de discours enflammés.
  

Le bilan


Même si tous les militants ne s’accordent pas sur l’importance des victoires remportées, ils n’en nient pas moins l’existence et comptent un nombre de succès conséquent, à commencer par l’avancée dans leur bataille pour la parité, notamment et en luttant contre le sexisme et les inégalités dans leur propres rangs et en défendant le droit à l’IVG en Espagne. En Espagne car oui : l’UNEF se mobilise beaucoup à l’internationale.Et il ne faut pas se leurrer, ce n’est pas parce que peu de changements sont palpables que rien ne se passe. En effet, l’UNEF a lutté sur des fronts invisibles tels que le combat contre la diminution du budget accordé de l’enseignement, la suppression des APL dont auraient été privés plus d’un demi-million d’étudiants et l’augmentation des frais d’inscription.
Plus loin encore dans les acquis sociaux, le syndicat étudiant a réussi à débloquer 200.000.000 € (ça claque quand-même plus que de dire 200 millions) pour les bourses, permettant leur augmentation et leur accès à 77.000 étudiants et 55.000 autres d’ici 2017. L’UNEF a également permis l’augmentation du nombre d’élus étudiants dans les conseils d’administration et l’intégration des Grands Etablissments dans les Communautés d’Unversités et d’Etablissements (COMUE), les empêchant ainsi de créer leur propre loi.

Note de l'auteur

Des membres de l’UNEF ont déjà été interviewés à l’occasion des élections du Crous par l’équipe de D2TS que vous aimez tant. Suite à cette émission, nous avons dû faire face à la critique. C’est pourquoi l’équipe rappelle que l’Agep était également invitée mais n’est pas venue. Quels que soient nos convictions politiques, nous les mettons toujours de côté lorsque nous rédigeons un article ou animons Descartes to the Stars. Nous attendons seulement un petit coup de fil…

D2TS Hors-série - CROUS & UNEF - 15.11.14 by Commonwaveradio on Mixcloud