DJ CAM
Miami Vice
Inflamable Records (2015)
L’un des producteurs français les plus appréciés de la scène électronique depuis ses débuts dans l’abstract hip-hop avec “Underground Vibes” en 1994 et surtout “The Beat Assassinated” en 1998, nous revient enfin après 4 ans d’absence en nous offrant la bande originale imaginaire de la série américaine culte des années 80, “Miami Vice” ou ”Deux Flics à Miami”.
Abreuvé des 5 saisons de nos deux super flics campés par Don Johnson (dans le rôle de Sonny Crockett) et Philip Michael Thomas (dans celui de Ricardo Tubbs), Laurent Daumail aka DJ Cam a choisi, 25 ans après, de composer sa propre vision musicale des aventures du duo plongé dans des intrigues de trafic de drogue et de meurtres sordides, au centre d’un décors de rêve et sous un soleil rayonnant où seuls les palmiers et les silhouettes de sublimes déesses à moitié nues pouvaient leur offrir un peu d’ombre et de répit.
Nous remémorant les 50 mn par épisode d’immersion oú plages de sable fin, bikinis et grosses sportives rythmaient les pérégrinations du couple de playboys, les beats et les nappes de Dj Cam font insidieusement leur office en proposant un road-trip gorgé de sensualité oú hip-hop instrumental, lignes de basse bien rondes, boucles classieuses, scratchs bien placés, samples bien trouvés et influences g-funk old-school nous bercent délicieusement. Le spectres des Warren G. et Snoop Doggy Dog des 90’s nous y accompagnent bien sûr, mais le beatmaker nourrit aussi son hommage de sonorités footwork, trap, dubstep, jazzy et deep house plus qu’appréciables.
Qui ne se souvient pas de son excellent projet house baptisé Soulshine paru en 2002, dont le titre “Summer In Paris” interprété par la chanteuse pop Anggun avait embrasé les ondes. C’est ce fameux single qui constitue d’ailleurs la seconde actualité de Dj Cam en ce début d’année 2015, avec sa réédition enrichie des remix de Pablo Valentino, Vect, Reflex, Nikitch et Lifelike.
La musique était omniprésente dans la série, alternant scènes d’action et longues séquences musicales défilant dans une ville de lumière et de paillettes qui est devenue la terre d’accueil de notre vétéran de la team de Bob Sinclar, à l’époque où feu le label Yellow Productions illuminait la french touch.
Tout n’était pas rose dans la vie de nos deux héros sapés de leurs costumes amples et filmés à la manière des pop-stars d’un clip vidéo, en effet malgré les couleurs rose flamant, vert citron oú bleu des Caraïbes du sud de la Floride, le cinéaste Michael Mann portait un intérêt tout particulier à l’humain, à ses travers, à ses angoisses et ses névroses. Cam y fait aussi allusion dans sa manière de construire ses textures, arborant souvent des reflets dark et mélancoliques, apportant gravité et épaisseur à l’image idyllique souvent véhiculée par “Miami Vice”.
L’artiste produit un disque aux ambiances cinématiques que l’on découvrait déjà en 2011 – quoiqu’en un peu plus ensoleillées – avec le radieux “Seven”. Il invite au détour d’un sample au ralenti de l’hymne “In The Air Tonight” de Phil Collins, Earl Davis (aucune info sur lui à ce jour) et plus loin le pionnier du gangsta rap MC Eiht sur “Music To Drive et Street Life”, inondant de son flow à l’ancienne un “Miami Vice” plus que crédible dans son rôle de score pour – pourquoi pas – une prochaine adaptation au cinéma des aventures de Crockett et Tubbs.
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