Le prix Nobel Gunter Grass s'entretient avec Pierre Bourdieu
Les menus plaisirs du Net : renifler l’odeur des étrons qu’abandonnent sur la grille du caniveau des commentaires quelques cabots qui s’essaient à l’irrespect et à la provocation.
Le Lecteur ne s’offusqua pas lorsqu’il découvrit les deux ou trois choses laissées par les habituels aboyeurs patentés, ceux dont le fondement n’éjecte que quelques insignifiantes conséquences de l’absorption de croquettes vitaminées au plus banal des idées reçues, croquettes dont ils se gavent sans modération.
Ils haïssent Günter Grass.
C’est leur droit.
Ils ânonnent et bégaient des ambrions de phrases qu’ils estiment définitives.
Ils manifestent de l’impudence à la façon de BHL.
Ils accusent le Lecteur de forfaiture.
Ils lui reprochent de s’être épris, si jeune et si innocent, de la littérature de Günter Grass qu’ils qualifient « d’ancien nazi ».
Alors même qu’ils ne cessent de clamer leur admiration pour Louis-Ferdinand Céline, la pire des abjections franchouillardes en matière d’antisémitisme et de collaboration avec les nazis.
Ils ne sont pas à un paradoxe près.
Que seraient-ils donc devenus, eux, si le hasard les avaient fait naître à Dantzig en 1927 ?
Auraient-ils alors été de ces « improbables consciences » capables de résister à la vermine nazie ?
Une prouesse non, à l’âge de 15 ou 16 ans, dans un pays où les gens, écrasés sous le joug des barbares, ne disposaient d’aucun espace de liberté, où ne s’enseignait que la gloire du Führer ?
Quelle voie pouvait donc choisir un gamin de 15 ou 16 ans dans ce contexte-là sinon celle qui lui fut imposée ?
Le Lecteur a balayé les étrons.
Il lui reste, et il en est infiniment heureux, l’œuvre du romancier allemand, cet écrivain d’exception, cet homme libre qui avait su s’extirper du magma des convenances puis résister face à une autre déferlante, celle d’une autre idéologie totalitaire, l’idéologie néolibérale.
Le Lecteur en veut pour preuve la rencontre entre Grass et Bourdieu.
Il referme là la parenthèse.