HBO a rendu son verdict. Faute d’audience suffisante, Looking, la série gay de la chaîne lancée l’année dernière ne sera pas renouvelée. En lieu et place d’une 3e saison, c’est un téléfilm qui devrait permettre de boucler les intrigues restées en suspend au terme d’une seconde bien plus réussie que la première. Retour sur une série du quotidien avec des personnages auxquels on s’est bien attaché.
En 2014, HBO lançait donc Looking, une série au format (trop) court (tout juste 30 minutes) s’intéressant à la vie de 3 amis gays de San Francisco. A la fois cliché avec ses profils bien calibrés (le jeune timide un peu geek, l’artiste torturé et le quadra moustachu) et en même temps réaliste par les réactions parfois un peu bêtes mais naturelles de ces personnages à l’aise avec leur sexualité mais beaucoup moins dès qu’il s’agit de sentiments. Avec sa réalisation très proche des acteurs et sa BO éléctro entêtante, Looking commençait tout juste à décoller sur les derniers épisodes de la première saison (qui n’en comportait que 8), à partir du moment où Patrick oscillait entre le gentil latino Richie ou son boss anglais Kevin.Un dilemme qui sera résolu dans la seconde saison lorsque Patrick décide d’avoir une aventure avec Kevin mais il y a un hic, c’est que celui-ci est déjà casé et toute le relation part déjà sur un mensonge. Et même si on adore les voir ensemble et qu’on ne doute jamais de la sincérité des deux, on sait très bien que cela peut mal tourner en quelques répliques, si Patrick commence à flipper ou si Kevin fait un pas de travers. La seconde saison est très clairement centrée sur cette histoire toujours touchante et souvent déchirante. Il faut dire que Jonathan Groff et Russell Tovey sont tous les 2 excellents et on ressent bien cette complicité unique qui porte chacune de leurs scènes.
En face, Agustin est sans doute le personnage qui a le mieux évolué entre les 2 saisons. D’artiste à la dérive et insupportable, les scénaristes ont réussi le tour de force à le transformer en personnage en rédemption qui peut trouver un véritable partenaire. Alors qu’on n’avait juste envie de lui filer des baffes, voilà maintenant qu’on l’aime bien. Et de son côté, Dom est toujours en train d’essayer de vivre ses rêves d’indépendance professionnelle. C’est parfois ridicule, mais tout cela est au service de son histoire avec sa meilleure amie Doris avec qui il va devoir apprendre à être un peu adulte.
Finalement on s’est bien attaché à cet ensemble de personnages à tel point qu’ils entrent facilement dans notre propre quotidien et regarder chaque épisode devient comme retrouver des potes et parler de la vie. Car la série avec ses héros gay parle avant tout de la vie quotidienne avec problématiques plus répendues dans le milieu (comme les questions sur le traitement du sida, …) mais aussi et surtout des soucis que se posent beaucoup de monde, homo ou hétéro. Ici, ça parle d’amour, de sentiments, de chemins qui doivent ou non se séparer, de passion ou de raison (dans le huis-clos infernal et déchirant du dernier épisode), d’une possible amitié après avoir vécu une histoire, d’amitié depuis la plus tendre enfance et de la place que l’on doit se laisser, de la relation que l’on a avec ses parents pour parler de tout cela et même de la mort dans un épisode particulièrement touchant (celui où Doris doit retourner sur les terres de son enfance). C’est bien parce que tous ces thèmes sont universels que finalement, malgré son postulat de départ, tout le monde peut accrocher et s’attacher à ces personnages qui vivent la même chose que tout le monde.
Au final, Looking dépasse rapidement ses personnages humains avec leurs joies et leurs maladresses pour devenir une série qui s’ancre dans le quotidien de tous et nous offre un rendez-vous simple et toujours touchant pour parler de la vie et de sentiments contrariés et adultes. Rien que pour cela, la série, assez unique dans le paysage actuel, aurait mérité de durer plus longtemps car Patrick et ses potes nous manquent déjà.