coco

Publié le 16 avril 2015 par Dubruel

~~d'après COCO de Maupassant

Coco, un vieux cheval blanc, N'était gardé À la ferme que par charité. Un goujat de quinze ans, Nommé Isidore, Mais appelé simplement Zidor Était chargé de s'occuper De l'animal perclus. Chaque jour, il le menait Sur une parcelle herbue. L'animal allait si lentement Que Zidor était obligé de le tirer.

Furibond, haletant, Il jurait sans arrêt : " Sacrebleu !...Sapristi ! " La colère germa vite en lui : Coco étant perdu, Le nourrir devenait superflu. Zidor s'indignait de devoir entretenir Une bête qui allait mourir. Pourquoi gaspiller de l'avoine si chère Et dépenser tant de paille pour sa litière ? Jour après jour, envers le bidet paralysé, La haine de Zidor progressait, Une haine de paysan avare, rapace.

Comme il en avait assez De mener à l'herbage cette carcasse, Tantôt, il cassait Une baguette dans un fourré Et lui cinglait les jarrets ; Tantôt, il lui lançait dans les flancs Des cailloux tranchants. Le courroux de Zidor se développa tant Qu'il raccourcissait tous les matins Le licou du bourrin, Réduisant Ainsi son aire de pâturage. Vu son grand âge, Cette carne méritait la mort S'entêtait Zidor.

Dévoré par la faim, Coco s'épuisait À tendre le cou, en vain. Contraint de jeûner, Il maigrissait, Dépérissait. Et puis un jour, comme Zidor Venait le chercher, Coco resta couché. Il était mort.