Il était une fois WonderWoman. Elle faisait tout ou presque.
Elle hérité tel un lourd fardeau une bible immuable aux 10 commandements :
- Tu seras la meilleure, ma fille
- Tu n’espèreras pas trop
- Tu travailleras plus pour gagner moins
- Tu enfanteras dans la douleur et ne te plaindras point. Au pire, tu pourras évoquer le baby-blues, ou le post-partum
- Tu accompliras entre 50 et 70 % de plus de tâches ménagères
- Au plus ta beauté est grande, au plus ton intelligence devra compenser
- Au-delà du 95C, tu devras appliquer lors de tes réunions la règle du RMDLY : Regarde Moi Dans Les Yeux – suivi de Ta Race mentalement (ça aide)
- Tu ne pourras accéder qu’à une faible proportion de postes hauts-placés
- Tu devras répondre à des questions indiscrètes lors d’entretiens d’embauche sur ton allaitement, ton souhait d’enfants
- Tu te verras affublée du mot « congé maternité » pendant lequel tu n’auras jamais autant épuisée de ta vie.
Hormis cela, elle s’évertuait à tracer sa route, tracer son chemin. Des fois ça marchait, d’autres pas.
Elle gérait ses babysitters comme elle gérerait une PME, car il y’a un vieux proverbe mumesque qui dit « sans babysit, point de salut ». Elle devait les recruter en passant des entretiens d’embauches pas très corporate : dessiner, raconter une histoire, donner le bain – entre celles qui était catto-phobe et l’autre qui n’aimait pas le contact physique, ou celle qu’elle a immédiatement refusé pour cause de portage intempestif de sac plastique transparent en rue, elle en a vu défiler, des candidates.
Elle savait que lorsqu’elle arrivait au bureau, elle avait parfois une demi-journée dans les pattes. Lève-toi, habille-toi, mange ton petit dej, met tes chaussures, les mêmes dans chaque pied, ne tire pas les couettes de ta sœur, marche, ferme ta chaussure, tais-toi, mange, parle, dépêche-toi.
Elle se maquillait à l’arrache dans sa voiture, ses collègues voyaient direct s’il y’avait eu plus ou moins de trafic en fonction de la qualité de son maquillage. Un jour, il lui est même arrivé de maquiller un œil et pas l’autre…
Elle textotait sa babysit pendant les réunions, écrivait à son manager pendant qu’elle savonnait (et plottait au passage) les fesses de ses tigresses, débriefait de sa journée avec son client pendant qu’elle touyait le dîner, improvisait les sorties entre copines entre deux salles de réunions,