Je ne sais plus très bien comment tout a commencé, enfin si je crois bien qu'on m'a obligé, ma femme, ou mon fils, ou les deux. Je me suis retrouvé là, à Houilles, devant l'entrée du gymnase Guimier, camarade prof de sport mort en 1975 ( clic ). C'était vendredi, la fin de semaine, un moment où habituellement je regarde en replay " La chance aux chansons " de et avec l'immense Pascal Sevran.
Paix à son âme.Comment peut-on torturer à un tel paroxysme des parents qui suent sang et eau pour leurs enfants afin de leur payer des fringues de marque, une playstation et une voiture familiale ? Comment des maîtresses dont j'ignore jusqu'aux prénoms peuvent-elles décider de ma vie une heure durant ? Simple vengeance ? Comment monsieur Joly maire d'Houilles peut-il cautionner une telle violence auditive ? Comment ? Pourquoi ? Pourquoi ne pas organiser un tournoi de foot, ou mieux, une séance de tir à l'arc avec le personnel enseignant comme cible ? Quel plaisir sadique peut éprouver l'Education nationale à organiser chaque année un spectacle gratuit, soporifique où les parents n'ont d'yeux que pour leur propre môme, totalement indifférents à la performance scénique des autres niards qui chantent concentrés comme des excités du bocal ?
J'ai même vu des pervers qui filmaient toute la scène, que leur dimanche après-midi doit être chiant, j'espère au moins qu'ils font des grosses coupures au montage. Un jour dans 2000 ans des archéologues analyseront ces tranches de vie vidéo en se demandant pourquoi tous ces bambins avec leur QI limité sont devenus les maîtres du monde occidental au XXIème siècle.
Je hais le spectacle de fin d'année scolaire cette souffrance que j'essaie de fuir tous les ans.
Sans me vanter grâce à de multiples dons je m'en suis souvent exempté. Crise d'appendicite. RDV tarifé au bois de Boulogne. Pots de vin aux enfants. J'en passe et des plus chers. Mais vendredi 10 avril 2015, game over, je suis mal assis dans un gymnase à écouter des chants et des poésies sur la guerre, les maîtresses des écoles Jules Guesde et Félix Toussaint ont concocté une programmation à faire pâlir de jalousie L'Olympia. Boris Vian, JJ Goldman mais aussi Ferret, ils sont venus ils sont tous là pour écouter une bagatelle pour le massacre de leurs textes. De 20h30 à 21h30 j'observe je joue avec mon smartphone je branche ma femme je pense à mon fractionné du lendemain à ma course du dimanche je me dis qu'un jour je serai vieux et que mon fils ne se souviendra pas de tout ce que j'ai fait pour lui et qu'il m'oubliera dans un EPAHD.
Heureusement on était garé pas trop loin on a pu se tirer vite fait une fois le clap de fin et le bouquet de fleurs à la maîtresse qui part en congés maternité. Comme des milliers de femmes chaque mois mais sans public.
Promis en 2016 j'aurai un mot d'excuse.