Tiré de l’étagère | Muse

Publié le 16 avril 2015 par Generationnelles @generationnelle

Ranger le dernier best-seller à la mode amène souvent à redécouvrir des chefs d’oeuvre cachés bien au chaud dans sa bibliothèque.
Les auteurs… il y a ceux qui les lisent et ceux qui fouillent leur vie intime dans les moindres détails. Joseph O’Connor réconcilie tous les auteurs avec le très littéraire Muse.

De quoi ça parle? De la vie des artistes romantiques irlandais Millington Synge et Molly Allgood. L’Auteur et la muse/ comédienne  ont vécu une folle passion hors mariage malgré  20 ans d’écart, au début du XX° siècle! Une romance scandaleuse pour le milieu littéraire de l’époque et une certaine catastrophe dans la vie privée et professionnelle des amants terribles.

Qu’est- ce qu’on en pense? C’est vrai qu’au départ, c’est assez ambitieux de se passionner pour les amours d’un couple maudit que peu connaissent.  Sir Milington Syngue était tout de même un ami intime de Yeats, oui, oui le poète romantique, rien que ça! Et dame Molly Allgood a tout de même joué dans un film d’Alfred Hitchcock. Mais, c’est peut-être là où l’histoire  devient intéressante! Joseph O’Connor, lauréat du prix Walter Scott Prize, sait cristalliser mieux que personne les époques historiques et en costumes. Car en plus de découvrir  à  toutes les pages  un pan d’une littérature pas toujours en haut de l’affiche, c’est à une époque que l’on s’attache. Le Londres des années 50 présente  un aspect bien misérabiliste , parfois encore marqué par la pollution de la révolution industrielle. Les débuts des divertissements sur la BBC semblent aussi modernes que ceux évoqués dans Hercule Poirot et la bohème de la fin du XIX° mieux dépeinte  que dans les films, ou les romans de Jane Austen. Car c’est surtout de l’amour et de ses complications dont il est question. Mais là, pas de Julia Roberts ni Brittany Murphy en pleine hystérie. C’est une femme éperdue de sentiments et de souvenirs qui est l’héroïne du livre et doit souvent lutter contre des préjugés à l’allure bien préhistoriques et pourtant…. La comédienne voit son passé lui sauter à la figure dans les derniers mois de sa vie. C’est le long de ce lent flashback larmoyant mais prenant que le lecteur ressent au plus près  les instants de joie, les espoirs d’amour et les promesses rompues. Le point de vue féminin ajoute une pointe de romanesque  à  la déchéance de cette femme ambitieuse ruinée par sa passion et sa nostalgique. C’est parfois un peu brumeux comme dans la campagne de la verte Irlande , où tout est authentique et dramatique. Il ne faut cependant  pas prendre ces anecdotes au pied de la lettre, l’auteur est avant tout un inventif. C’est un grand livre de femme à lire pour s’inspirer ou rêver.