Des télomères -ces petits capuchons de protection des chromosomes- plus longs ont déjà été associés à une longévité plus élevée, plus courts à une à une espérance de vie diminuée. Mais quand il s’agit de cellules cancéreuses, de longs télomères peuvent représenter un avantage de survie pour les cellules cancéreuses, ouvrant la possibilité à un plus grand nombre de divisions cellulaires et donc à un risque plus élevé de mortalité. C’est la démonstration de cette étude de l’Université de Copenhague, présentée dans le Journal of the National Cancer Institute.
Les télomères sont de courts segments composés de séquences d’ADN répétitives situés aux extrémités des chromosomes qui raccourcissent à chaque fois qu’une cellule se divise. Ces séquences de protection raccourcissent avec chaque réplication cellulaire jusqu’à une longueur critique, qui une fois atteinte, peut déclencher la mort cellulaire. De précédentes études ont donc associé des télomères longs à une longévité accrue, des télomères courts à une survie écourtée. D’autres études ont montré que si le raccourcissement des télomères est un processus inévitable lié à l’âge, ce processus peut aussi être accéléré par des facteurs de mode de vie comme l’obésité et le tabagisme.
Dans les cellules qui se répliquent activement come les cellules germinales, les cellules souches embryonnaires et les cellules souches du sang ou de la moelle osseuse, l’enzyme télomérase reconstitue ces capuchons de protection pour permettre la réplication cellulaire. Les cellules cancéreuses semblent aussi avoir cette capacité d’activer la télomérase, ce qui leur permet de pouvoir se diviser indéfiniment, avec des conséquences désastreuses pour le patient. Cependant, ce » recours » des cellules cancéreuses à la télomérase dépend des variantes des gènes de la télomérase (TERC, TERT, OBFC1) exprimées dans les cellules.
Le Dr Line Rode, de l’Université de Copenhague a travaillé sur les données de 2 études de cohortes prospectives portant au total sur 64.637 personnes suivies durant 20 ans. Les participants ont passé un examen et donné un échantillon de sang pour des analyses de génotypage et d’évaluation de la longueur des télomères.
En cas de cancer, mieux vaut des télomères plus courts : Durant le suivi de l’étude, 7.607 décès ont été constatés dont 2.420 de cancer.
Étonnamment un raccourcissement des télomères est associé spécifiquement à un taux de mortalité réduit de cancer, mais pas de décès toutes causes confondues, ce qui suggère que les télomères légèrement plus courts chez des patients atteints de cancer vont contribuer à limiter la réplication non contrôlée des cellules cancéreuses, donc limiter la progression de la tumeur et réduire ainsi le risque de décès.
En ce qui concerne le cancer, mais le cancer seulement, des télomères plus courts sont donc associés à un meilleur pronostic.
Source: JNCI April 2015 doi: 10.1093/jnci/djv074 Peripheral Blood Leukocyte Telomere Length and Mortality Among 64 637 Individuals From the General Population
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