« 400 morts supplémentaires en Méditerranée »
Communiqué de Marie-Christine Vergiat, membre de la Ligue des Droits de l'Homme et députée européenne (FdG)
Selon les témoignages des survivants, près de 400 migrants auraient encore disparu dans le naufrage de leur embarcation dimanche en Méditerranée. Alors même que les gardes côtes auraient porté secours à près de 42 embarcations et 8 000 personnes depuis vendredi.
Si ce naufrage est confirmé, ce serait le pire que la Méditerranée ait jamais connu.
Morbide décompte que celui que nous faisons depuis le début de l'année : au moins 900 personnes seraient mortes ou disparues cette année en tentant de traverser la Méditerranée.
Morts qui viennent s'ajouter aux 30 000 au moins déjà recensés des vingt dernières années.
Le cimetière marin ne cesse de s'agrandir.
Cela n'est plus supportable, la route migratoire vers l'Europe est devenue la plus dangereuse du monde.
Il ne suffit pas de s'émouvoir à chaque naufrage, il faut agir pour stopper l'hécatombe.
Combien notamment de Syriens, d’Érythréens, de Soudanais, de Somaliens, tous des demandeurs d'asile potentiels, devront encore perdre la vie avant que les gouvernements des États membres de l'UE respectent enfin leurs obligations internationales, au moins en matière de sauvetage en mer et d'accueil des réfugiés et se décident à changer de politiques migratoires.
Nous faisons aujourd'hui face à l'une des pires crises humanitaires qu'ait connue la planète depuis la Seconde Guerre mondiale, en raison notamment de la situation au Moyen-Orient, et nos dirigeants se lavent les mains de tous ces morts. Les décisions prises ces dernières semaines par le Conseil de l'UE et la Commission européenne vont toujours dans le même sens : plus de fermeture, plus d'externalisation et donc plus de risques pour les migrants, plus de violences sur leurs parcours. Et toujours plus de morts.
Le HCR, l'Organisation Internationale pour les Migrations, les ONG et bon nombre de parlementaires européens avaient pourtant prévenu que la fin de l'opération Mare Nostrum et son pseudo-remplacement par l'opération Triton sous l'égide de Frontex étaient dangereuses. Cela fait des mois maintenant que nous sonnons l'alarme :
SANS POSSIBILITÉ DE VOIES LÉGALES D’ACCÈS
AU TERRITOIRE EUROPÉEN,
L’HÉCATOMBE CONTINUERA.Les États membres de l'UE sont tous signataires de la Convention de Genève de 1951. Ils se sont donc engagés à accueillir tous ceux qui fuient la violence et les persécutions. Il est temps de mettre en place des politiques migratoires répondant aux défis du XXIe siècle. Cela passe par l'abrogation de la directive retour, la réforme du Règlement de Dublin, des politiques en matière de visas ambitieuses, l'ouverture de voies d'immigration en partenariat avec les pays concernés et l'abandon des "processus de Rabat" et surtout de "Khartoum". Assez de cette Europe forteresse qui tue un peu plus chaque jour à ses frontières.
C'est d'humanité, de dignité, de respect du droit international et des droits fondamentaux dont ces femmes, ces hommes et ces enfants ont besoin.