Rien de plus banal de nos jours que ces banques contribuant à des causes sociales, humanitaires, culturelles…, que ce soit pour redistribuer un peu de leur richesse ou pour s'acheter une conscience. Mais, lorsque ANZ acquiert [PDF] une plate-forme dédiée aux dons à des associations, la démarche surprend beaucoup plus.
La cible de cette opération est « Shout for Good », une jeune pousse technologique qui porte une conviction simple : la générosité des consommateurs peut être démultipliée en facilitant le geste de donation. Elle a donc développé une application mobile et un service en ligne qui permettent à leurs utilisateurs de verser leur obole à l'organisme de leur choix – parmi les plus de 150 inclus – en deux ou trois clics. Il est également possible de mettre en place et participer à des initiatives individuelles de collecte en faveur d'associations (« mon exploit sportif pour la lutte contre le cancer »).
Selon sa communication officielle, l'objectif d'ANZ à travers cette acquisition est d'incorporer, à court terme, les fonctions proposées par « Shout for Good » à ses propres applications bancaires. Ses clients pourront ainsi profiter d'une consultation de leurs comptes sur leur téléphone – un acte qui devient de plus en plus fréquent dans la vie quotidienne – pour offrir une petite somme d'argent à une cause qui les interpelle. Ce sont de nouvelles opportunités de dépenser (« utile », dans ce cas) qui viennent de la sorte s'immiscer au cœur de l'univers financier.
Et après tout, puisque certains établissements n'hésitent plus à investir le secteur du commerce de détail (par exemple en Pologne), l'idée peut avoir du sens, d'autant que, dans la logique de simplification recherchée, l'intégration des dons dans les services bancaires représente le summum. La question se pose tout de même de la légitimité, réelle et perçue, d'une institution financière dans l'écosystème de la charité : a minima, une telle approche ne serait certainement pas appropriée dans tous les pays du monde.
En l'occurrence, pour ANZ, la transaction constitue déjà une occasion de communiquer (sincèrement ?) sur son engagement vis-à-vis du bien public. Mais, finalement, peut-être le but visé est-il tout autre, comme pourrait le suggérer le recrutement (souligné) de deux piliers de la startup (sa PDG et son directeur technique). Dans un contexte où les talents « digitaux » sont très recherchés, précieux et rares, la technique de l'« acqui-hire » (concept d'acquisition en vue d'une embauche), largement éprouvée par les géants de la Silicon Valley, serait-elle en train de gagner la banque ?