Deuxième volume de la trilogie du mal de Maxime Chattam où on retrouve le personnage de Joshua Brolin confronté à une nouvelle enquête.
Un prologue énigmatique avant le récit proprement dit qui nous plonge dans l’univers d’un New York enneigé où une jeune femme nue ensanglantée, court sur les trottoirs avant de s’effondrer dans un parc inconsciente.Le début de l’enquête se concentre sur cette jeune femme pour retrouver d’où elle est partie et les enquêteurs vont découvrir son tortionnaire et que celui-ci fait partie d’un groupe. Pour le reste vous le découvrirez au fur et à mesure, de cette enquête glaçante et palpitante à la fois.
Ce roman met en lumière : un autre personnage principal : une jeune enquêtrice Annabel belle femme métisse, fragilisée par la disparition de son mari et qui est devenue obsédée par ce type d’enquête. Professionnelle, intuitive, motivée elle est aidée par son partenaire Thayer plus âgé qui l’aide et espère à chaque fois que l’enquête en cours permettra à l’inspectrice de se reconstruire. Un groupe d’intervention est mis en place rapidement quand l’enquête prend une plus grande ampleur, les deux personnages principaux Brolin et Annabel mettent leurs talents en commun pour trouver les motivations du tueur. Brolin est devenu détective privé, il a quitté son boulot de flic et il recherche une jeune fille enceinte disparue mystérieusement Rachel. Ce duo atypique fonctionne, ces deux êtres cabossés dans leurs vies personnelles mettent leur intelligence et leurs dons au service des victimes. Brolin réussit à comprendre les mécanismes des tueurs et fait avancer l’enquête.
Un récit détaillé, une plongée dans l’horreur, avec de larges passages consacrés aux victimes et aux agissements des bourreaux , de nombreux rebondissements tiennent en haleine le lecteur. L’empathie que ressent le lecteur pour les victimes, les enquêteurs font passer rapidement le récit. La précision des méthodes de police, d’investigation et le réalisme du récit donne de la force et une tension à l'intrigue.
L’autre acteur incontournable du récit est New York post 11 septembre, noyé sous la neige et le froid, sorte d’enfer sur terre qui freine les avancées des enquêteurs. Un new York loin des cartes postales fait de banlieues sordides, de lieux souterrains, ville de solitude et de bruit. Les paysages de campagne que l’on découvre au fil de l’enquête donnent aussi une autre vision de l’Amérique, sa face sombre.
Les deux héros sont touchants dans leur fragilité et leurs fantômes respectifs, leur volonté de mettre fin à ces crimes monstrueux, d’arrêter cette escalade dans l’horreur. On retrouve les nombreuses références aux enfers, un peu de mysticisme avec l’évocation du vaudou et une atmosphère glauque, sombre de fin du monde qui colle à la peau. L’écriture très cinématographique de l’auteur colle bien à ce décor et à cette enquête prenante faite de rebondissements et de descente aux enfers et dans les degrés de l’horreur au sens propre comme au figuré. En arrière plan on a aussi une critique de notre société moderne, de consommation à outrance, de la solitude moderne, du fait que quelqu’un peut disparaitre comme ça sans laisser de trace malgré l’omniprésence des moyens de communication. Les personnages secondaires comme Thayer érudit, fan de théâtre, de Cahill jeune enquêteur, perfectionniste sont bien trempés et permettent de donner une humanité au récit. Il est encore plus sombre que le premier volet, même si comme dans le précédent il n’y a pas de côté voyeuriste mais plutôt une réflexion sur notre société qui produit de tels monstres, de nombreuses références littéraires et des descriptions saisissantes avec des héros attachants. L’écriture fluide est très agréable à suivre et on est totalement immergé dans l’enquête et bien malin celui qui démasquera la fin.
Plongez un peu plus loin dans les ténèbres avec Joshua et Annabel et partez à la poursuite du mal, en vous enfonçant dans la noirceur de l'âme humaine avec Maxime Chattam. Un récit noir mais efficace qui vous fera aussi réfléchir à notre société contemporaine à lire d’urgence donc !