Qu’est ce qui fait courir Julia Verdi ?
Serie :
Genres : Litterature Contemporaine
Editeur : Nil éditions
Collection :
Publication: 02/ 04/ 2015
Edition: Broché
Pages : 285
Rating:
- Chroniqué par SHIE CASTEE
Lu en partenariat avec
- Babelio -
Pour le coté technique : la couverture est sympa, assez pétillante et intrigante. On est dans le bain : le boxer et les chaussures de sport.
Coté résumé, il m’a intrigué (encore) a défaut de m’attirer. Ce n’est pas sur ce style de livre que je me jette… je m’aperçois maintenant que je dois rater des histoires, excellentes comme celles ci.
Le nombre de page, assez peu élevé m’a rassuré au début du livre tant le style d’écriture m’a dérangé… j’ai eu du mal, préférant quand l’écriture est moins alambiqué, plus simple. L’auteur est à l’image de son héroïne : compliqué… Elle s’égare dans les circonvolutions des réflexions de Julia, tellement que l’on a du mal à suivre et à se souvenir quel était le sujet de départ …. J’ai failli lâcher le livre, mais heureusement cela s’arrange vite.
Voila Julia, 17 ans, qui rompt avec son amour de jeunesse, car elle veut plein de choses, trop de choses et un amour ne lui suffit pas.
Puis Julia, 37 ans, cadre aux dents longues dans une grande entreprise de papier, se faisant larguer.
Julia est « trop » … Épuisante, narcissique, volubile, égocentrique et phagocytante… aussi bien en amour qu’au boulot…
Julia dont la mère est malade, et qui n’arrive pas à aller lui rendre visite, car elle a peur de la maladie, peur de ce que va dire sa tante, garde malade à plein temps depuis quelques années.
L’auteur nous fait découvrir Julia dans sa complexité et son nombrilisme. Son esprit torturé et narcissique…
J’ai eu un peu de mal car je trouvais que le livre mettait du temps pour démarrer, me demandant « ou était le chien tant promis ? »… mais l’auteur nous décrit mieux Julia pour plus apprécier son changement.
Et le chien débarque.
Petite chose attachée au bout d’une ficelle dans la rue de l’héroïne.
Et Julia ne pense plus à elle mais au chien. Où est son maitre ? Pourquoi l’avoir attaché là au mois de novembre et ne pas l’avoir laissé dans sa voiture ? La jeune femme gamberge, pour une fois pas sur elle … un bol d’eau, une couverture…. Et finit par remonter le chien chez elle.
La bestiole est juste là en transit, dit-elle, une nuit puis une semaine, en attendant de retrouver ses maîtres ou une famille pour l’adopter.
La métamorphose commence…
Sur les bons conseils de son voisin gay, Julia se met à regarder le monde … tout d’abord la vétérinaire, puis les propriétaires de chiens au parc. Elle décortique les relations inter humaines via le boxer et ses copains de jeux, découvrant ainsi ses lacunes. La jeune femme se socialise, ralentie, se préoccupe des autres et évolue grâce au jeune canidé. Obligée de bouger pour le bien être de la bête, elle cour et perd du poids. Ses priorités changent et elle découvre la vie.
Le style de l’auteur s’allège pour devenir agréable. Ses réflexions sur la société via Julia sont sympa, marrantes même. Elle dresse un portrait assez piquant voir acide de notre société, du monde du travail, de la place de la femme, que ce soit dans la vie professionnelle ou familiale.
Les chapitres sont courts, pertinents, percutants et incisifs. Le style alambiqué devient plus simple et plus agréable à lire…
Ce livre a été une jolie surprise…
Le style d’écriture m’a fait un peu peur au début, puis j’ai continué et je ne l’ais pas regretté. Il m’a fait passer un bon moment et j’ai fini avec « la banane », le sourire aux lèvres, regrettant que le livre ne soit pas plus épais.
Je vous invite à découvrir Julia et ses aventures, vous ne le regretterez pas.
Bonne lecture.
J’avance la main vers la gueule. Le chien penche la tête et la renifle. Une main parfumée au jasmin, manucurée de beige, adoucie par une crème qui me fait des promesses de jeunesse.
Le chien s’en fout de la jeunesse de mes mains. Il me frôle de sa truffe. Un frémissement me parcourt le corps tout entier. Lentement, d’une douceur exquise, une langue rose glisse sur ma peau.
« Ne me lèche pas, chien, c’est plein de crème, tu vas être malade. »
Il ne m’écoute pas. Sa langue arpente chaque recoin de ma main, entre les doigts, sur la veine à fleur de peau du poignet. Je fixe le sol, ses pattes blanches sur la couverture en polaire rouge. J’ai lu quelque part que les chiens n’aiment pas qu’on les regarde dans les yeux. Qu’ils le reçoivent comme un geste d’intimidation. Je connais des hommes comme ca aussi.
Je touche la tête de la bête, son crane osseux, ses oreilles veloutées comme les pétales d’une rose. Nos regards se croisent, incertains et effrayés.
Le temps s’arrête.
Je ne sais pas nommer ce que je sens. Une marée qui monte. Deux solitudes. Une reconnaissance tacite de nos besoins respectifs. La truffe humide et froide d’un chien abandonné qui trouve la main chaude et fragile d’une fille désemparée.