Malheureusement, ce film réalisé par Andrew Niccol, sera boudé au moment de sa sortie. Un peu dommage quand on voit l'énorme potentiel accompli en terme de réflexion et de questionnements sur une pratique hypothétique appelée à apparaître dans un futur proche. Car il faut bien l'avouer, Bienvenue à Gattaca apparaît comme une sorte d'œuvre visionnaire à nos yeux face à une société superficielle de plus en plus préoccupée par les apparences et les performances physiques. Andrew Niccol réalise ici un film intelligent abordant le thème de l'eugénisme, procédé génétique artificiel déterminant les caractéristiques physiques et psychiques d'un enfant au cours de son développement dans le ventre de sa mère. Tout cela dans le but de créer des individus "acceptables" aux yeux de la société. Évidemment, ce procédé a un prix et tous n'ont pas la "chance" d'y accéder.
Cela amène certaines personnes à être rejetées et marginalisées. Le réalisateur aborde donc également, et avec brio, les conséquences d'une telle mentalité élitiste : les discriminations physiques, le rejet et la souffrance psychologique qui peut en résulter.
Jusqu'où un homme est il prêt à aller pour accomplir ses rêves ? Est il sain qu'une personne oublie qui elle est en prenant le corps d'un autre ? Une société prônant une telle idéologie est elle une société morale ? Comme je l'ai déjà dit, Bienvenue à Gattaca pose de nombreux questionnements intelligents malgré une durée relativement courte d'1h45, où l'on ne voit absolument pas le temps passer. De même, l'atmosphère générale du film se pare de couleurs chaudes, mais le rendu global nous offre une vision terne d'un avenir effrayant et prophétique. Et là où il faut souligner l'incroyable performance du film, c'est de ne jamais tomber dans les lamentations niaises en nous disant que la génétique "c'est po bien". Non, le réalisateur nous conte une simple histoire sans proposer de jugements hâtifs, et c'est au spectateur de se faire sa propre idée, mais aussi de voir toutes les dérives d'un monde idéal et dictatorial qui n'a pour seul jugement que le physique d'un individu.
Et ce n'est pas le casting relativement prestigieux en la personne de Ethan Hawke, Jude Law et Uma Thurman qui témoignera du contraire vu que leur performance est impeccable. Pour clôturer cette chronique, j'ajouterai simplement que nous sommes en face d'un véritable petit bijou de SF et de l'un des meilleurs films de genre. Un chef d'œuvre globalement assez méconnu appelé à devenir une véritable référence au cours des années suivantes. Ma note : 18/20