Chronique : « Les vestiges de l’aube (T2) «
Scénario de Serge Le tendre, d’après le roman de Khara, dessin de Frédérick Peynet,
Public conseillé : Adultes / adolescents
Style : Polar fantastique
Paru aux éditions Dargaud, le 10 avril 2015, 48 pages couleur, 13.99 euros
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L’Histoire
Werner, le vampire, se rend ce soir là dans le hall du Waldorf-Astoria. Dans le “loby” de cet hôtel au charme hors du temps, il a rendez-vous avec Barry Donovan, pour lui révéler sa vraie nature… Mais la rencontre, qui prend des allures de discution amicales, est soudainement interrompue par une demande de Sanderson, le coéquipier de Barrry.
Dans le hall, deux hommes récupèrent Barry et l’emmènent dans une berline de luxe vers une destination inconnue. Pour Werner, il ne fait aucun doute. C’est Le sieur Marco Peralli, un mafieu notoire, commanditaire des cinq crimes, qui prend contact avec Barry. Et le jeune homme (par curiosité policière ou par d’autres motivations ?) a décidé de le rencontrer en face à face.
Décidé à protégé son “ami”, Werner se transforme en faucon et vole jusqu’au repère de Peralli…
Ce que j’en pense
L’adaptation en BD d’un roman aussi imaginatif que celui de S. Kara n’est pas une mince affaire. Malgré la difficulté (adapter, c’est trahir ?), ce second et dernier tome des “Vestiges de l’aube” tient toutes ses promesses.
Dans “Le prix du sang”, nous retrouvons bien entendu le duo antinomique qui donne toute sa saveur au récit. Le vampire en recherche de “chaleur humaine” et d’amitié, et le jeune flic, qui a connu une grosse fracture dans sa vie (la mort tragique de sa femme et de sa petite fille dans l’attentat du 11 septembre). Après un premier tome d’exposition et de questionnement (l’enquête sur les traces d’un assassin et la découverte des personnages), ce second tome boucle rapidement les zones d’ombre. Grâce à Werner et ses facultés hors normes, la résolution est vite bouclée. Même si tout est dit dans le premier tome, Serge Le Tendre nous explique les rouages de l’intrigue en détails.
L’intérêt se déporte alors sur la relation entre le vampire et le jeune flic. Compassion, amitié, protection ? Qui croire et jusqu’où ces deux hommes iront ils ?
Serge le Tendre clôture parfaitement le récit de S. Kara, en nous offrant un récit remarquablement équilibré entre scènes intimes et scènes d’actions. Les dialogues sont parfaitement huilés et distribués avec une belle maîtrise (champs et hors champs aux petits oignons).
Cette aventure policière et fantastique (pas vraiment une BD de vampire), qui s’interroge sur l’amitié a une vrai goût d’inédit.
Coté dessin, là aussi, c’est fichtrement bien maîtrisé. Plus à l’aise sur les ambiances contemporaines que dans les scènes historiques, Frédéric Peynet assure le spectacle avec une “force tranquille”.
Il nous offre un dessin réaliste de bonne facture, avec des personnages expressifs (Magnifique, son interprétation de Barry Donovan d’une présence et d’une crédibilité incroyable) et des décors aux perspectives impeccables.
Peynet construit des planches d’une grande lisibilité, en tentant régulièrement quelques compositions plus éclatées et osées. Grandes bandes verticales ou panoramiques alternent avec une composition plus sage.
Enfin, les scènes d’action dynamiques, (mais un peu vides) jouent le spectaculaire en évitant le voyeurisme (assez tentant avec un vampire à la force d’un super héros.
Mon seul regret est la courte durée de cette histoire. J’aurais aimé en savoir plus sur les aventures et les tourments de cet immortel avec un 3e tome ou mieux un deuxième cycle. C’est d’autant plus dommage que les personnages sont originaux et fortement charismatiques.
A défaut, je ne peux qu’apprécier ce moment de lecture de qualité constante, qui m’a fait entrevoir l’état de ce “pauvre vampire”.
Cet article fait parti de « La BD de la semaine », hébergé chez « Noukette » cette semaine.