Ananda Coomaraswamy ,dans son livre Hindouisme et bouddhisme et dans d'autres oeuvres soutient que l'enseignement du Bouddha et celui des upanishads sont semblables concernant le Soi, c'est-à-dire que la doctrine du non-soi n'est pas l'ultime vérité de l'enseignement du Bouddha. Bouddha, selon Coomaraswamy, n'a parlé du non-soi que pour nous montrer que le corps de homme n'est pas son soi, que la pensée de l'homme n'est pas son soi, mais il n' a jamais affirmé qu'il n'y avait pas de Soi du tout.
Au contraire Coomaraswamy fait remarquer que Bouddha a plusieurs reprises nous demande de prendre refuge dans notre propre Soi. Ananda Coomaraswamy écrit :
"C'’est assurément au sujet de ce Principe ineffable que le Bouddha dit : « Il y a un non-né, un non-devenu, un non-créé, un non-composé, et, si ce n’était pour ce non-né, non-devenu, non-créé, non-composé, il ne pourrait être montré aucun chemin d’'évasion hors de la naissance, du devenir, de la création, et de la composition (Udana Sutta) » ; et nous ne voyons pas ce que ce « non-né » pourrait être, sinon « Cela », cet Esprit (âtman). Le Bouddha nie de façon péremptoire qu’'il ait jamais enseigné la cessation ou l'’annihilation d'’une essence. Tout ce qu'’il enseigne, c’'est comment mettre un terme à la souffrance ."
Ananda Coomaraswamy pense donc que l'enseignement du Bouddha a été mal compris; Il écrit :
"On a traduit si souvent à faux l'’expression répétée « Ce n'’est pas mon Soi » par « Il n’'y a pas de Soi », on a regardé l’'analyse destructive de l'’individualité-véhicule comme voulant signifier qu'’il n’'y a pas de Personnalité."
"S'’il est encore expressément permis à l’'Arhat de dire « je », c'’est uniquement par commodité ; il a depuis longtemps dépassé toute croyance en une personnalité qui lui serait propre . Mais tout cela ne signifie pas — et il n'’est dit nulle part — qu' « il n’'y a pas de Soi ». Au contraire, il y a tels passage où, après le dénombrement des cinq constituants de notre « existence » évanescente et irréelle, l’'on trouve, non pas la formule habituelle de négation, « ceci n’'est pas mon Soi », mais le commandement positif : « Réfugie-toi dans le Soi », tout comme le Bouddha dit l’'avoir fait lui-même."
La découverte de ce Soi, de cet Esprit immuable est pour Cooaraswamy d'ailleurs le message éternel des écritures sacrées et des maitres authentiques de tous les temps :
"Nous sommes contraints par la logique des Écritures elles-mêmes de dire qu’'Agnêndra, Bouddha, Krishna, Moïse et Christ sont les noms d'’une seule et même « descente » dont la naissance est éternelle ; de reconnaître que toutes les Écritures sans exception exigent de nous en termes exprès la connaissance de notre Soi, et du même coup la connaissance de ce qui n’'est pas notre Soi et que l'’on appelle un « soi » par méprise ; que la Voie pour devenir ce que nous sommes demande l'’extirpation de notre propre conscience d'’être, de toute fausse identification de notre être avec ce que nous ne sommes pas, mais que nous pensons être quand nous disons « je pense » et « je fais ». Être « pur » (shuddha), c'’est avoir distingué notre Soi de tous ses accidents physiques et psychiques, corporels et mentaux. Identifier notre Soi avec tel ou tel de ceux-ci est la pire de toutes les sortes possibles d'’illusion passionnelle, et la cause unique de «nos » souffrances et de « notre » mortalité, dont aucun de ceux qui demeurent encore « quelqu’un » ne peut être délivré."
jlr