Son billet est vite écrit, le mien l'a été tout autant, entre la banane (la poire j'peux pas j' suis un sans-dents) et le fromage (du gruyère, le comté même au Liddl était trop cher). Si l'on rétablit l'évangile selon Saint François Delapierre, Jean-Luc Mélenchon est donc un défenseur de la paix qui n'a aucun compte à régler avec le saint empire germanique, et qui vénère comme la prunelle de ses yeux Dame Merkel. Elle est si chérie par son peuple, qu'on ne saurait en médire, même si c'est notre plus grand déplaisir. La France étant à présent l'amie de l'Allemagne, il se trouve qu'un travailleur transfrontalier vient de fomenter une tentative d'assassinat de celui qui n'est plus rien de plus ni de moins que lui-même (après avoir été toutefois notre si valeureux candidat à la députation suprême, ce que je n'oublie nullement, et lui en suis reconnaissant)... Ce qui nous fait d'ailleurs nous demander pour les mieux informés au nom de qui parle-t-il donc... Puisque le Front de Gauche n'existe plus. Car pour les autres, c'est évident : on l'a suffisamment caricaturé éructant, le couteau entre les dents pour ne pas douter un seul instant que ce ne soit un dangereux bolchévik. Il n'y a donc aucune surprise à le voir défendre sa mère Russie, quitte à prendre quelques libertés avec l'histoire, qui ne dit pas qu'elle est à présent gouvernée non par un communiste, mais par un sale type d'extrême droite, cochon qui s'en dédit. Et ce cochon, je le suis, pour avoir osé défier la doxa gauchiste. Celle-ci stipule en effet, entre les lignes, que pour lutter contre l'influence atlantiste (comprendre Obamesque... et possiblement Clintonienne) qui nourrit pourtant tant de gloses complotistes contre lesquelles je lutte pied à pied, il convient de soutenir la pauvre Russie opprimée, contre vents et marées. Et à travers elle, de se plaindre de ce que l'Ukraine ne soit qu'un terrain d'expérimentation européenne et étasunienne, avec la bénédiction du hollandisme déclinant. " Comme dans les années 10, l'extrême-droite est utilisée pour faire le sale boulot. " Sauf que la référence historique est pour le coup bien peu éclairante, voire carrément obscurcissante. Car l'extrême droite, si ce n'est le néo-nazisme, sont présents de par et d'autre de la frontière. Et quand on voit et sait les agissements de celui que Poutine nomme son frère, on se demande ce que notre Ché va faire dans cette galère... Quand bien même notre bon François et d'autres s'épuisent à le décrire en victime expiatoire d'un système corrompu, il n'y gagne rien en puissance d'évocation. Bien au contraire, à mes yeux, il y perd : on sait trop bien d'où vient ce procédé de victimisation qui a si bien réussi à d'autres pour ne pas franchement apprécier de le voir employé dans notre " propre " famille politique. Et Mélenchon n'est pas Jaurès, d'autant plus que l'époque n'est plus aux hommes (pas plus qu'aux femmes) providentiels, aussi talentueux soient-ils/elles. Un exemple de plus de cette personnalisation excessive dont tu aurais pu te passer au lieu de l'aggraver, camarade François... Une personnalisation contre laquelle je lutte dans notre pourtant belle famille de gauche (la vraie), dont le front de gauche est en train de crever pour n'avoir pas su davantage se structurer en un collectif cohérent, et un porte-parolat plus clair... Le résultat, on le connait. Non, non, ne me remercie pas. De rien.