Le Sénat a voté, ce vendredi 10 avril, un nouvel amendement dans le cadre de l’examen de la loi Macron (ou projet de loi sur la croissance et l’activité) qui fait largement débat ces temps-ci.
Défendu par la sénatrice centriste Nathalie Goulet (UDI UC), il ordonne aux magasins de commerce de détail, d’une surface supérieure à 1000 mètres carrés, de « mettre en place une convention d’organisation de la collecte sécurisée des denrées alimentaires invendues encore consommables au profit d’une ou plusieurs associations d’aide alimentaire ». A comprendre, le don d’invendus devient automatique et forcé pour les grands supers et pour les hypermarchés alors qu’il n’était pour le moment que volontaire.
Bien qu’on estime que 20kg de nourriture est jetée par jour par supermarché, les enseignes du commerce et de la distribution sont loin d’être de mauvais élèves. Selon le dernier rapport du CNA paru en 2012, elles fournissent déjà près de 30% des produits collectés par les Banques Alimentaires. Mais dans la mesure où cette politique commerciale de don est propre à chaque directeur de magasin, quand certains donnent (motivé d’une réduction d’impôts (égale à 60% de la valeur marchande des produits lorsqu’ils pourraient encore être commercialisés), d’autres préfèrent brader les produits à l’approche de la DLC (Date Limite de Consommation), voire les jettent dans leurs poubelles en les couvrant d’eau de javel.
Avec cette systématisation, le Sénat veut marquer le passage d’une logique d’assistanat à une logique d’accompagnement.
Acclamé par les sénateurs, ce projet vient en effet soutenir les 9 millions de personnes qui vivent en France sous le seuil de pauvreté, parmi lesquelles 4 millions d’entre elles viennent chercher des aliments auprès des associations d’aide alimentaire. La pauvreté ne faiblit pas et le nombre de « glaneurs », même si non mesuré, semble augmenter selon les plus anciens adeptes. Quand certains y voient une consommation alternative, beaucoup y voient une nécessité que ce soit dans une optique de substitution ou de complément.
Ce texte fait écho à la proposition UMP sur le sujet, rejetée quelques mois plus tôt. Il intervient également en avance puisque le rapport de la mission parlementaire chargée d' »inventer une politique publique contre le gaspillage »n’a pas encore été remis. Reste maintenant à passer l’Assemblée Nationale. Nous devrons être fixés le 6 mai, date à laquelle cette proposition fera l’objet d’une vote solennel, tout comme les 1700 autres amendements déposés au projet de loi d’Emmanuel Macron.
D’ici là, vous pouvez toujours signer la pétition ici.
Cependant, si les enseignes ont les poubelles les plus visibles, ce sont les nôtres les plus pleines. La Commission Européenne projette les ménages en tête de ce triste classement, responsables à hauteur de 42% du gaspillage alimentaire (hors production).