L'artothèque de la ville de Strasbourg est un lieu dans lequel on peut emprunter des œuvres d'art contemporain. Entre mars et juin, il est possible d'y emprunter des performances. En mars, ce fut Pierre Louis Aouston. En avril, il était possible d'emprunter PLAYTHESCULPTURESKYPE de Flurina Badel & Jérémie Sarbarch, deux artistes suisses qui traitent de l'amour, de l'intimité et élaborent aussi des travaux sur le monde et comment on le vit, comment il se modifie autour de nous. Tout ça pour dire, que, sur ce coup-là, c'est votre serviteuse qui a emprunté cette performance. Et Jean-Charles est venu pour vous la faire partager.
Il fallait deux appartements et, entre les emplois du temps des uns et des autres, ce fut compliqué d'en trouver un second. Bien heureusement, j'habite au-dessus du Zouave et la performance s'est donc déroulée entre le mon appartement et le bar, merci à Antonia et Dédé pour nous avoir si bien accueilli et prêté la télé du bar afin de pouvoir présenter ce qu'il se passait chez moi.
Le projet, de mon point de vue, s'est déroulé en plusieurs étapes.
La première a consisté à chercher un co-appartement, à ne pas en trouver un puis "trouver" le Zouave, et dire enfin « oui, je le veux », à l'artothèque.
Pour la seconde, ce fut plusieurs rencontres avec les artistes, la veille tout d'abord où j'ai dessiné un plan de mon appartement afin qu'ils aient une idée du lieu (et de ce qu'ils ne pourraient pas utiliser). Puis, le jour J nous avons déjeuné au bar. Ils avaient changé leurs plans, le public ne passerait plus d'un lieu à l'autre mais serait uniquement au bar. Chez moi, il y aurait seulement Jérémie Sarbarch qui créerait des histoires à faire deviner qui seraient retransmises via Skype deux étages plus bas, beaucoup plus pratique. Étonnamment quand ils ont vu la taille relativement peu étendue de mon appartement, ils ont été confortés dans leur idée. Nous sommes alors montés et ils ont scruté, observé, farfouillé afin de voir ce qu'ils pouvaient utiliser pour créer l'univers et les historiettes de la performance du soir. Ainsi, d'un aquarium vide au tambour de ma machine à laver en passant par une boule de Noël kitsch rose en forme de princesse grenouille et de jouets Kinder en forme d'animaux arctiques, Flurina Badel et Jérémie Sarbarch semblaient enthousiastes de ce qu'ils voyaient et ont commencé à élaborer le scénario de leur performance.
Ce fut ensuite la préparation, ils ont réaménagé quelque peu mon appartement et ont préparé les éléments dont ils avaient besoin pour leurs divers scénarii.
Puis, vendredi 10 avril, vers 20h-20h15, la performance a commencé. Vous avez dit angoisse ? En fait non même si pendant, ce fut le quelque peu le cas... Apprendre à se dévoiler ou comment rire de soi !
Flurina Badel et Jérémie Sarbarch se sont connus il y a un an environ et, par les aléas de la vie, ils ont été séparés pendant six mois, Flurina vivait à Bâle tandis que Jérémie était parti à Brooklyn. Pendant ce temps-là, ils sont restés en contact via Skype, créant ensemble via ce logiciel et se racontant des histoires par ce biais-là.
Avec PLAYTHESCULPTURESKYPE, ils se sont parlé via le logiciel entre deux étages et, il lui a montré ainsi qu’à nous les sculptures et historiettes créées.
L’intime présenté ici était double : il y avait l’intimité et la relation de ces deux artistes et donc leur capacité à se raconter des histoires pour s’émerveiller et réduire la distance entre eux deux ; il y avait aussi mon intimité qui était présentée, certains amis étaient là, des voisins aussi, des gens qui ne me connaissaient pas et qui n’imaginaient peut-être pas ce qui se trouverait chez moi. Je n’avais pas vu venir cette mise en danger de soi, cette peur d’être vue et connue par ses objets plutôt que par ce qu’on montre et qui, au quotidien, n’est que l’image que l’on veut bien renvoyer à autrui. Point positif, on n’est pas dans de l’exhibitionnisme, peut-être juste dans une découverte un peu plus approfondie mais néanmoins subjective : c’est Flurina Badel et Jérémie Sarbarch qui ont choisi les objets afin de créer des histoires qui, au fond, ne sont pas moi (ouf !).
Néanmoins, l’écho n’a pas été le même pour moi que pour les gens qui m’entouraient. Certains objets ont suscité des commentaires (bon, ok, j’ai des trucs bizarres) ce qui a impliqué de parler de pourquoi j’ai ces objets-là et donc, là aussi, de me livrer quelque peu mais pas complètement…
Le public a été bon dans le sens où ils ont presque trop rapidement deviné quelles étaient les histoires créées. Mais ce qui fut vraiment bien, c’est qu’il y a eu une vraie participation, une réelle implication à entrer dans le jeu des devinettes. Ces dernières étaient tout autant drôles, loufoques, animales, tragiques, culturelles, amoureuses que politiques entre Titanic, le conte du roi grenouille qui doit trouver et se faire embrasser par sa princesse, le réchauffement climatique ou encore une tempête et des bateaux qui chavirent dans le tambour de ma machine à laver.
Merci à Madeline Dupuy-Belmedjahed, directrice de l’artothèque pour cette opportunité de découverte, d’expérimentation et pour avoir eu l’idée étonnante de permettre d’emprunter des performances, merci à Flurina Badel et Jérémie Sarbarch pour leur univers, leur créativité, leur enthousiasme et leur envie de partager, merci à Antonia et Dédé pour leur accueil, merci à ceux qui sont venus et ont participé à cette performance parce que sans eux, cela ne sert pas à grand-chose… Et merci à Jean-Charles et ses dessins…
Cécile et Jean-Charles.
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