Le charme musical propagé par Mura Masa depuis presque un an maintenant, est loin de s’estomper. Preuve encore avec sa dernière sortie : Someday Somewhere; Un EP tout simplement fabuleux, à la croisée des genres et qui regroupe à peu près tout ce qui se fait de meilleur dans la musique en ce moment. Un avis subjectif, peut être un poil exagéré, mais qui peut s’expliquer simplement. Mura Masa fait parti de cette nouvelle génération d’artistes – pour rappel, il n’a que 18 ans – qui ne jure que par le mélange et l’éclectisme. Un pur produit « digital » en somme, bercé par la surinformation et l’affluence des contenus. Car oui, malgré tout ce que peuvent en penser ses détracteurs, cette nouvelle ère peut avoir du bon; L’abondance pouvant aussi servir de base créative et de source d’inspiration pour briser les genres et les frontières de la musique.
Et c’est exactement ce qui transparaît de façon très claire dans cet EP. On pourrait même dire que chaque chanson est un genre musical à part entière. Toute proportion gardée bien entendu, la musique électronique étant bien évidemment le fil conducteur de tout ça (quoi qu’on pourrait dire la même chose du traditionnel piano, qui fait son apparition sur quasiment toutes les chansons). Mais il n’empêche qu’on peut y trouver du hip hop (c’est de là qu’il vient d’ailleurs > petite séance de rattrapage ici), mais aussi de la pop, de la house music d’inspiration kaytranadienne ou encore du RnB. Riche, vous avez dit riche ? Cet EP l’est clairement.
L’EP s’ouvre avec « Are You There », une balade oscillant entre pop acidulée et future bass. La production est léchée, pianos et synthétiseurs copulent joyeusement et le résultat n’est pas sans nous rappeler ce que fait habituellement un certain Flume. Et c’est tout à son honneur.
On passe ensuite dans un registre un poil plus énergique avec « Firefly », seconde piste du projet. La rythmique est bien groovy et on sent que le mec maîtrise également son sujet en terme de house music. Une rythmique dont on commence malgré tout à s’habituer (pour ne pas dire se lasser), tellement on a pu l’entendre aux travers d’artistes comme Kaytranada ou encore Sango récemment. Mais ne chipotons pas, la prod reste efficace, c’est du beau boulot et le featuring rnb de Nao marche bien.
On retrouve en troisième position, « Terrible Love », un morceau qui apporte quant à lui une réelle plus value en terme de créativité et d’originalité. Entouré de Denai Moore, artiste à la voix d’or qu’on a d’ailleurs pu voir sur un des morceaux du dernier album de SBSTRKT (« The Light »), Mura Masa livre ici une track magnifique, en creshendo, dans laquelle les rythmiques – instrumentales ou numériques – s’imbriquent les unes avec les autres. Le travail sur la voix est lui aussi remarquable : les choeurs en fond, en fonction graves ou aigus, apportent un vrai plus et ne dénature absolument pas la voix de la diva. Bien au contraire.
On arrive ensuite sur l’interlude « Your Bones ». Belle surprise également. Cette chanson, mélancolique, aurait pu être l’œuvre d’un certain James Blake tant on y retrouve les marqueurs de sa musique. Le travail sur la partie vocale est là aussi aux petits oignons et c’est agréable d’entendre Mura Masa dans un registre aussi différent que celui là.
Quoi de mieux pour enchaîner qu’un gros morceau hip hop ? Sans transition, viens ensuite « Low ». L’intro est lente, en reverse, renforcée par une voix vocodée et c’est à 38 secondes qu’on a envi de faire « Booom ! », le flow exacerbé de Jay Prince percute un orgue répétitif, bougrement efficace et dans la plus pure tradition des hits « dirty » du genre. La rythmique quant à elle est sèche et lourde et les coups de basse sur le kick font particulièrement bien le taff.
On enchaîne avec le morceau qui, INCONTESTABLEMENT, reste la plus grande claque de cet EP. « Lovesick Fuck » et sa composition efficace, dansante, séduisante. Les instruments se croisent majestueusement sur une rythmique oscillant entre numérique et analogique, et ponctuée d’une quantité non négligeable de percussions et autre « bruits » en tout genre. Un énorme plus pour ce son de clarinette basse qui prend le relais sur le piano, lui même renforcé par cet instrument percussif métallique et tropical dont j’ai oublié le nom (d’ailleurs si quelqu’un peut m’aider^^). Ce dernier est d’ailleurs pitché au moment des montées pour renforcé les vocales. « I need You, I want you » rentre dans la tête, que ce soit pendant les breaks ou les montées, on la quasiment partout sur la chanson; Oui, car en plus d’avoir du talent, Mura Masa a compris ce qui pouvait potentiellement faire de ce titre, un hit.
L’EP se conclut par « When You Need Me », histoire de redescendre se poser tranquillement sur terre. On pense cette fois-ci à du Jai Paul, notamment à cause de ce reef de guitare modifié en fond et ces breaks vaporeux, presque infinis. La rythmique est là aussi assez bouncy, quoi que plus tranquille que sur « Firefly » ou « Lovesick Fuck ». Clin d’œil final, les dernières notes de cette chanson finale sont au piano…L’instrument qui l’aura suivit sur la quasi-totalité des chansons, si ce n’est toutes.
Une belle façon de montrer qu’instruments classiques et numériques peuvent être parfaitement compatibles et donner des résultats étonnants. Une preuve de plus également que ce jeune homme, du haut de ces 18 ans est en train de montrer une nouvelle voie : celle d’une musique sans barrière ni a priori, puisant ses ressources dans une multitude de genres et de cultures différentes. Alors merci Mura Masa, et merci l’internet !
Someday Somewhere EP est disponible dès à présent à l’achat sur itunes.
Cheers !
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