Café-clope ? Maintenant, je vapote ! De toute ma vie de fumeuse, jamais je n’aurais cru un jour troquer mes bonnes vieilles cancerettes contre une e-cig de hipster. Et pourtant, tel est le cas. À croire que même nos habitudes les plus vicieuses peuvent partir en moins de temps qu’il n’en faut pour s’en griller une. En fumée.
Ça m’a pris comme ça, sur un coup de tête et sans explication aucune. Peut-être par lassitude de cette odeur de « tabac froid » permanente, qui s’infiltre dans chaque pièce malgré toutes mes tentatives d’aération. Coriace, la bête. En parlant de tentatives, j’avais essayé d’arrêter de fumer plusieurs fois déjà. Sans grand succès. Le tout se soldait très rapidement par un état pseudo-dépressif insoutenable, d’autant plus pour un Parisien à bout de nerfs au début comme en fin de journée. Voyez-vous, la clope, c’est une béquille. Un temps mort qui vire très rapidement au rituel compulsif, servant d’appui dans les bons comme les mauvais moments. L’appéritive, la digestive, celle qui accompagne le café, les coups de stress, ou encore les temps d’attente pendant lesquels on ne sait pas quoi faire de ses dix doigts. Y a pas d’heure pour fumer, seulement des restrictions géographiques. Qui ont fini, à la longue, par m’en gâcher tout le plaisir, surtout depuis que je suis amenée à voyager souvent. Devoir rester à l’affût des arrêts sur les longs trajets TGV ou me cloitrer dans une cabine fumeur à l’aéroport comme une paria, trop peu pour moi. Trop loin de l’esprit chic et désinvolte auquel j’associe encore, sûrement bêtement, la cigarette.
Rien de surprenant à vouloir donc choisir l’option triche, dont je compte profiter pleinement avant qu’elle ne soit elle aussi censurée. Gardant le petit luxe de m’accorder, de temps à autre, quelques « vraies » cigarettes en clin d’oeil à Gainsbourg et Eastwood. Pour l’heure, je retrouve la saveur d’un café-clope en intérieur, l’impertinence en plus sans les odeurs qui vont avec.