Heureusement, le statu quo commence enfin à être ébranlé, au moins aux États-Unis. Depuis plusieurs années déjà, Dwolla, jeune pousse de l'Iowa, a conçu et déployé – notamment avec quelques petits établissements – un réseau de transfert d'argent opérant en temps réel, à moindre coût et en toute sécurité. Depuis quelques jours, cette infrastructure moderne est devenue effectivement accessible aux clients de BBVA Compass, concrétisant ainsi l'annonce du partenariat faite à l'automne dernier.
Le service de Dwolla n'a pas fondamentalement changé depuis ses débuts : grâce à une connexion directe aux systèmes informatiques des banques, il vérifie la disponibilité des fonds et exécute les mouvements d'argent instantanément, à la vitesse des réseaux contemporains, à un tarif imbattable (gratuit pour les paiements de moins de 10 USD et 25 cents, tout compris, au-delà). Petit progrès dans cette nouvelle intégration, les accès sont systématiquement authentifiés et les données bancaires sont désormais « tokenisées », de manière à éviter tout risque de malveillance.
L'avantage économique de la solution – rendu possible par la mise en œuvre de technologies optimisées – est un argument de séduction évident, en particulier pour les entreprises, petites et grandes, qui doivent régulièrement gérer une multitude de virements (ne serait-ce que pour le paiement des salaires). Il est d'ailleurs responsable d'une vague d'adoption importante, par exemple dans les boutiques en ligne, même si l'instantanéité des transferts n'est pas systématiquement disponible pour elles.
Pourtant, la véritable transformation esquissée par Dwolla – et maintenant portée par BBVA Compass – est bien ce principe de paiement en temps réel. Pour les émetteurs, il procure l'opportunité de choisir l'instant précis auquel un règlement doit être effectué (après une rentrée d'argent ?). Plus important, pour les bénéficiaires, il offre une assurance de recevoir son dû au plus tôt. Alors que nombre de consommateurs en sont réduits à nourrir les requins de l'avance sur salaire quand leur situation financière se joue sur quelques jours de délais, la différence peut être énorme.
Et ce ne sont pas là les seuls bienfaits de la solution de Dwolla. Parce que celle-ci est nativement ouverte aux développeurs, par l'intermédiaire d'APIs (« interfaces de programmation applicative »), comme il est de rigueur pour toute startup qui se respecte, l'intégration des échanges d'argent dans divers services en ligne (dont le paiement des taxes dans l'Iowa) et autres applications mobiles, existants ou à venir, devient immédiatement accessible aux clients de BBVA Compass.
Naturellement, tout cela ne peut arriver dans la banque par miracle, sans aucun effort. Tout d'abord, c'est le « système cœur » qui a du être entièrement rénové, il y a a quelques années, alors que les établissements historiques restent pour la plupart empêtrés dans leurs processus et outils du XXème siècle, dans lesquels les opérations sont comptabilisées une fois par jour. Mais, ensuite, il faut aussi le courage de donner à une jeune pousse accès à ce « moteur » interne. Sans parler du réalisme nécessaire pour comprendre qu'il vaut mieux s'appuyer sur un tiers que de se lancer seule…
BBVA Compass a bien compris à la fois les enjeux de la révolution numérique et les clés de sa réussite dans un nouvel environnement, où des acteurs très différents doivent collaborer. Pour les banques moins clairvoyantes, sa capacité à proposer des échanges en temps réel – qui ne sont en réalité possibles, pour l'instant, qu'entre clients des partenaires de Dwolla – peut paraître anecdotique. Elle se révèlera bientôt être un immense avantage concurrentiel, lui permettant de conquérir de nouveaux clients.