L’annonce a fait le tour des rédactions, Spotify effectuerait une nouvelle levée de fonds de 400 millions de dollars, sur la base d’une valorisation de … plus de huit milliards de dollars. Est-ce bien raisonnable?
Ce n’est pas que j’aie une dent contre cette entreprise, bien au contraire: je suis un fan de Spotify, et j’ai adhéré au service premium il y a plus d’un an. Pour un coût annuel de 120 euros, l’équivalent de l’achat d’une dizaine de CD, je dispose d’une bibliothèque musicale d’une richesse incroyable, qui me permet de retrouver presque tous les morceaux que j’apprécie, de la house de la fin des années 80 au folklore israélien en passant par les concertos pour piano de Beethoven; il ne manque que les Beattles! Mieux, avec son intégration à Shazam et au Gramofon, l’expérience Spotify va de la reconnaissance d’une musique de fond à la diffusion sur la chaîne hifi familiale.
Non, ce qui me dérange, c’est la valorisation de ce bidule. Réveillez-vous, les gars, même si vous êtes à la tête de fonds d’investissement et que vous pensé avoir déniché la perle rare, huit milliards, c’est huit milliards! C’est 80 Rafale, à prix d’ami! Mais que valent donc ces huit milliards? Spotify ne dispose ni d’usines, ni de terrains, et ne peut se prévaloir d’une barrière à l’entrée que sur trois domaines: technologique, contractuelle, ou en nombre d’utilisateurs. Creusons un peu le sujet.
Une technologie inimitable? Allons-donc, Deezer, Qobuz, offrent des services équivalents. Un catalogue infini? Mais on sait bien que les majors ne voient que leur intérêt, et que lorsque leur intérêt leur semblera résider ailleurs, les accords de diffusion cesseront, rien n’est éternel, et surtout dans le business. La taille de la base utilisateurs? Spotify en revendique 60 millions, ce qui équivaut à valoriser chaque utilisateur sur la base d’une année d’abonnement. Fichtre, rien que ça? Mais un quart seulement de ces abonnements sont payants, ce n’est donc pas une année, mais quatre ans d’abonnement…
Honnêtement, j’aimerais bien comprendre ce qui poussent des financiers probablement aguerris à miser 400 millions de plus sur une base aussi dingue…
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