Arrivé en 2012, Marc Lelandais devait redéployer le groupe Vivarte avec pour ambition d'en faire " un leader mondial " selon ses propres mots, de revoir le positionnement des magasins face à une concurrence qui se durcit, de s'ouvrir au e-commerce, bref de s'adapter aux changements d'un marché difficile.
Trois ans plus tard, l'ensemble des 22 enseignes et 4.800 magasins, dont le fleuron et la vache à lait La Halle, est mal en point. Marc Lelandais a certes réussi à convaincre les créanciers de faire une croix sur une grosse partie de la dette colossale (2,8 milliards d'euros !), mais la relance n'est pas vraiment au rendez-vous. Evidemment, la crise et la météo qui plombent le secteur textile depuis des années (entre 2007 et 2012, le marché a perdu 12% de sa valeur, selon l'IFM) n'ont pas aidé sa stratégie de prémiumisation imposée à La Halle ou André. Une montée en gamme qui a été la plus " violente " pour La Halle passant de magasin de périphérie à magasin de centre ville avec une mise en scène prétentieuse à base d'éclairage tamisé, de tapis au sol et de canapés Chesterfield, sans parler des corners avec des (sous) collections des marques du groupe baptisés K by Kookai, N by Naf Naf, M by Mosquitos, C by Chevignon et autre P by Pataugas ! Et pour attirer le chaland, une campagne publicitaire " fashion créateur " sur l'air de " comme les Françaises sont jolies... " Un positionnement illisible et incompréhensible pour les futurs clients qui n'ont pas été convaincus et pour les anciens clients qui ont fui à toutes jambes...
Marc Lelandais, qui se targue d'être un " redresseur de marques " (ST Dupont ou Lancel dont il a eu la charge en garde d'amers souvenirs...), se disait emballé par les marques du groupe Vivarte, des " légendes patrimoniales avec lesquelles les Français ont des liens affectifs ". Ce qui est juste, pourquoi alors avoir brisé ce lien par un marketing racoleur et si peu innovant ?
La Halle ou André sont des marques populaires au sens noble du terme, des marques qui vendent de l'habillement, des chaussures, pas de la mode " fashion ". A l'instar de Kiabi dans la galaxie Mulliez qui a bien compris le sens du mot populaire, en n'éructant pas plus haut que son ADN. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : une croissance de 7% en 2014 (alors que le marché français recule), des ventes de plus 18% sur internet, devenant n°1 des sites de e-commerce pour les magasins d'habillement, Kiabi se porte bien avec un quart de son chiffre d'affaires réalisé à l'international à 1,558 milliard d'euros avec 102 magasins sur un total de 454.
Avec une signature qui résonne pour nombre de clients - " la mode à petits prix " - Kiabi est une enseigne constante et humble. Une humilité qui n'a pas guidé Marc Lelandais égaré dans une obsession d'un luxe marketing suranné qui a tué La Halle.