13 avril 2015
Gros changement de style dans les films surprises du ciné brunch du Comoedia : tout juste un mois après la projection de la formidable ronde sentimentale de Jérome Bonnel, l'équipe de mon cinéma lyonnais préféré ont choisi, pour ce qui était alors la toute première projection du film sur le sol français du long métrage qui a récolté la récompense supreme lors du dernier Festival de Berlin 2015.
Il s'agit évidemment de Taxi Téhéran, le film du cinéaste iranien de Jafar Panahi, qui sort ce mercredi 15 avril en salles, et forcément un film évènement vu le statut particuylier de ce cinéaste- on se souvient tous de sa chaise vide lors d'un récent festival de Cannes où il devait être membre du jury- à qui les autorités de son pays ont interdit d'exercer sa profession.
Du coup, Panahi use de tous les subertfuges pour contourner cette interdiction et cela donne ce Taxi Téhéran qui a emballé Michel qui a assisté à la projection avec moi et dont l'enthousiasme est forcément contagieux :
Un taxi dans les rues animées de Téhéran, son chauffeur lunaire et charismatique, une caméra vidéo embarquée, toute une flopée de clients bavards et vous avez le film le plus frais, le plus intelligent, le plus enthousiasmant de l’année. Imaginez l’émotion qui a envahi les spectateurs à la vision du « Voleur de bicyclette » un des films fondateur du néoréalisme italien, c’est exactement le même sentiment fort qui se dégage à la vision de « Taxi Téhéran » film iranien pour lequel el il faudrait inventer un genre.
Jafar Panahi, le chauffeur, cinéaste assigné à résidence en Iran brave l’interdiction de travailler et embarque dans son taxi tout ce qui fait la société iranienne contemporaine et c’est une vrai leçon de cinéma. Discussion byzantine sur la culpabilité, la peine de mort, et la vengeance entre un marlou et une intello de gauche, sur la difficulté de trouver le dernier Scorcèse ou Woody Allen avec un vendeur de DVD pirates, le film avance au gré des rencontres. Dans son taxi Jafar Panahi et ses « clients » parlent, piaffent, rient, hurlent, pleurent, espèrent et se racontent.
Deux amies, un poisson rouge et c’est un conte oriental qui s’invite sur la banquette arrière,et sur le siège avant la nièce du réalisateur, petite cousine de Zazie, à la langue bien pendue nous raconte la vraie vie des préados iranien. En quelques séquences formidablement bien construites, le passé, le présent se rencontrent et nous donnent un film d’une invention et d’une modernité qui laisse sans voix.
Le cinéma vient de féter ses 120 ans cette année (on le sait d'autant plus qu'on a rejoué sous la caméra de Thierry Frémeaux la sortie des frères Lumière) et avec des films comme« Taxi Téhéran » des réalisateurs réussissent encore à nous surprendre. Un voyage en Iran en bonne compagnie pour le prix d’une place de cinéma, le printemps commence bien.
Bande-annonce : Taxi Téhéran - VOST