Quatrième Ghetto Biennale en novembre 2015
Publié le 12 avril 2015 par Aicasc
@aica_sc
APPEL A PROPOSITION POUR LA 4ème GHETTO BIENNALE 2015
Créole, Vodou, et Lakou : formes de résistance
Ghetto Biennale 2013
Cet appel à projets est destiné aux artistes et curateurs (appels en Créole, 官话, لغة العربية , Português, Español , Français, seront bientôt disponibles sur le site web)
Après la révolution Haïtienne, les paysans issus du régime esclavagiste ont eu trois outils pour asseoir leur position ‘anti-plantation’ – la langue Créole, le système du Lakou et leur système de croyances et de pratiques rituelles du Vodou, un triumvirat de résistance linguistique, culturelle et territoriale. Laurent Dubois, dans son ouvrage ‘Haïti : The Aftershocks of History’ note que, ‘grâce à un solide éventail largement partagé de différentes formes culturelles- comme la langue Créole, la religion Vodou, et un système innovant de distribution et de gestion des terres….- s’est construit une société capable de résister à toute forme de soumission qui aurait pu rappeler l’aire esclavagiste.’
La langue Créole, qui est née dans les plantations, fût tout d’abord une méthode basique de communication linguistique entre les populations de la colonie d’origines culturelles et géographiques diverses. Après la révolte des esclaves le Créole devint une langue de résistance et de mise en opposition de l’état métropolitain, qui continuait à employer le Français en tant que lingua franca symbole de pouvoir et de capital.
Le Vodou est une religion créole forgée par les esclaves africains et leurs descendants, cette religion comprend des éléments issus de vastes pratiques religieuses d’origines diverses, comme les traditions africaines Fon, du Dahomey, Kongo, Yoruba ainsi que d’autres groupes ethniques africains ; mais aussi du christianisme et des religions indigènes des indiens Taïnos qui furent les premiers habitants de la région. Pour citer Dubois : ‘Au cours de leurs souffrances mutuelles de la vie des plantations les Africains et les créoles ont développé leurs propres rituels de guérison, de deuil et de culte.’
Le Lakou est un système de gestion des terres subalterne des provinces rurales d’Haïti, ce système se réfère à un groupement d’habitations autour d’une cour commune qui comprend des familles étendues sur plusieurs générations, cette forme de division et d’appropriation des terres fut une tentative de résistance au retour des plantations et des pratiques de travaux et de commerces des co-opératives. Comme l’écrit Dubois, ‘Afin de préserver ce contrôle, le système du Lakou a établi ses propres règles pour réguler le transfert et l’appartenance des propriétés terriennes. L’Etat n’avait aucun rôle sur ses transactions, qui étaient entièrement gérées par la communauté et les institutions familiales’.
Le Vodou est un thème contesté dans les études de l’Art Caraïbéen et Haïtien. Le débat oscille entre le thème de l’éxotisme, à la fois auto-exotisme des Haïtiens, et l’ ‘autre’ des étrangers. L’une des préoccupations principales étant l’appropriation du paysan nécessiteux et de la ghetto culture en tant que stratégie essentiellement néo-colonialiste, et la position précaire de l’art Haïtien en général, piégé entre l’historiquement et commercialisable ‘naïf’ ou la tendance à célébrer le vodou ‘primitif’ ainsi qu’entre le désir contemporain de prendre sa place sur la scène artistique internationale mondialisée.
Cette année, nous privilégions les projets qui prennent en compte le langage, le dialogue, l’espace, le symbolisme et la performance ou qui considèrent les luttes de territoires globales, les formes de frictions ou de refus linguistiques, ainsi que les formes d’obstructions ou d’intransigeances rituelles ou ésotériques. La Ghetto Biennale invite les artistes et curateurs à explorer les potentiels de ces outils radicaux que sont le Créole, le Vodou et le Lakou, dans ce qu’ils ont à offrir au monde contemporain.
La 4ème Ghetto Biennale 2015 se tiendra de fin Novembre à mi-Décembre 2015, les dates exactes seront confirmées ultérieurement. Tous les travaux devront être réalisés et exposés en Haïti. Les artistes et curateurs devront obligatoirement passer de une semaine (minimum) à trois semaines sur place avant de présenter leurs travaux dans le quartier à une audience Port-au-Princienne locale constituée de communautés d’artistes, collectifs et divers organismes liés à l’Art.
La date limite de remise des propositions est fixée au dimanche 5 Juillet 2015 et notre décision en réponse sera publiée à la fin de la 3ème semaine de Juillet. Les personnes souhaitant déposer leur proposition pour la 4ème Ghetto Biennale 2015 sont invitées à rendre un synopsis écrit de leur proposition concernant leur démarche conceptuelle, leur méthodologie, ainsi qu’une stratégie de production et de mode d’exposition sur place pour leur proposition de travaux, le tout sur au plus 2 pages simples format A4 comprenant des illustrations, ainsi qu’une page de CV, le tout en format pdf. Nous n’accepterons pas les rendus sur plus de 2 pages, ni les images en pièces jointes, et nous n’accepterons pas non plus les liens de pages web en compléments.
Nous vous prions de bien vouloir porter attention au fait que nous recherchons des travaux qui seront entièrement réalisés pendant la période des 3 semaines à Port-au-Prince en Haïti. Nous ne souhaitons pas des travaux déjà réalisés. Nous privilégions les projets qui seront réalisés en collaboration avec les artistes locaux ainsi que les candidats qui auront pu prendre contact avec eux au préalable.
Il n’existe pas de financement pour cet évènement et vous devrez donc subvenir à vos frais de transport, logement et matériel. Nous vous fournirons une liste de lecture, il existe également un film sur les sculpteurs de la Grand-Rue disponible en ligne, et nous vous assisterons avec plaisir (par e-mail) pour toutes vos questions concernant la recherche d’information avant le dépôt de votre dossier ou pour vous aider à préparer votre projet. Nous pourrons vous conseiller quant à la mise en pratique de votre projet et pour préparer votre budget pour le séjour. Des traducteurs seront sur place en Haïti pendant toute l’organisation de l’évènement, mais si votre projet nécessite des traductions plus spécifiques, nous vous conseillons de prévoir un budget pour les services d’un traducteur attitré. Les artistes devront prendre en compte le fait qu’Haïti possède un taux d’alphabétisation très faible et qu’en conséquence les projets faisant référence à de trop nombreux textes peuvent être difficilement compris par la population locale. Nous pourrons vous assister pour toutes vos réservations d’hôtel, ainsi que pour les transferts vers l’aéroport.
*Aucun projet de photographie ou de vidéo ne sera accepté. A la fin de la manifestation un photographe attitré sur place pourra fournir les images nécessaires à certaines demandes de financement.
‘Les sculpteurs de la Gran Rue’ http://vimeo.com/14681755
Pour plus d’informations sur Atiz-Rezistans : http://www.atis-rezistans.com
Les archives des projets des précédentes Biennales sont disponibles sur www.ghettobiennale.org et pour toutes questions complémentaires merci de contacter : Leah Gordon Leahgordon@aol.com