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Seize_cents

Publié le 12 avril 2015 par Malesherbes

Une nouvelle fois, on nous annonce la disparition de deux entreprises françaises, La Halle et André. Une nouvelle fois, on nous prodigue le même message lénifiant : les seize cents suppressions de postes n’entraîneront aucun licenciement et seront réalisées grâce à des mises à la retraite anticipée et à des départs volontaires. Comme si l’anticipation d’un départ à la retraite n’entraînait pas une diminution de ressources et n’était pas susceptible d’être néfaste lorsque cette cessation d’activité n’avait pas été préparée ! Et surtout comme si le volontariat était une option ouverte à un salarié.

Je me propose d’être un peu plus explicite sur ce dernier point, en vous relatant une expérience vécue, fort heureusement pas par moi-même. Un de mes collègues se trouve éligible à un départ volontaire. On lui propose un dédommagement correspondant à plusieurs mois de salaire. Même si ce n’est rien de plus que ce qu’il gagnerait en continuant à occuper son poste actuel pendant le même nombre de mois, il s’agit d’une somme beaucoup plus importante que celles qu’il a l’habitude de manipuler. Nombreux sont ceux qui parlent en ces circonstances d’un pactole alors que, personnellement, j’aurais plutôt tendance  qualifier une telle somme de pécule si l’on considère au prix de  quel abandon elle est obtenue.

Un peu plus raisonnable, mon collègue fait savoir à son supérieur qu’il n’est pas intéressé. Le dit patron, financièrement intéressé, lui, à ce que le maximum d’éligibles acceptent cette offre, entreprend alors un travail de sape : «  As-tu bien réfléchi ? Tu sais, cette offre est très avantageuse. Tu ferais bien d’en profiter. D’ailleurs, il ne s’agit là que d’une première étape. Si la situation de l’entreprise ne s’améliore pas, il est possible qu’il faille bientôt procéder à de nouvelles réductions de personnel et rien ne dit que ton poste pourra être conservé. Les conditions de départ seront inévitablement moins satisfaisantes qu’actuellement. Bien sûr, tu es parfaitement libre de ta décision, je me garderais bien d’exercer sur toi la moindre pression. Mais, à ta place, je n’hésiterais pas. »

Si elle venait d’un mafioso, on pourrait dire que cette conversation est à propos d’une offre qu’on en saurait refuser et ce que fit, pour le regretter ensuite, mon collègue. Et c’est ainsi qu’on parvient à décider de nombreux volontaires. Quant à l’innocuité de telles réductions, si elles sont opérées en limitant les dégâts pour les salariés frappés, elles détruisent cependant des centaines d’emplois que des jeunes arrivant sur le marché de l’emploi auraient pu occuper.


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