A la télé on entendait parler que du marathon de Paris 2015 la semaine dernière, ce centralisme démocratique finira par nous tuer. Parce que dimanche 12 avril 2015 le vrai événement c'était le 72ème Tour de Houilles, une course créée en 1936 (clic), 1936, le Front Populaire, Léon Blum, les congés payés, la naissance de Jacques Mesrine, la Gauche au pouvoir, bien avant le fric business d'ASO, le gaspillage des bouteilles VITTEL et le marathon de Paris 2015 à 50 000 coureurs.
Lever 8h, petit déjeuner, pipi, les dents, direction le sas de départ vers 9h, starter à 9h30, tout est carré, bien organisé avec des sourires pour pas trop cher (13€ l'inscription), nous sommes près de 300 à nous élancer pour les 10 km du tour de Houilles 2015, terre du championnat international mondial des Yvelines 2015. D'où ce message des organisateurs : si vous mordez la ligne de départ avec votre pied, on annule le championnat. J'ai connu des menaces plus menaçantes qualifions celle-ci de b ucolique, banlieusarde et dominicale. Parcours très moche dans les rues de ma ville d'adoption depuis 2012, des immeubles, la voie ferrée du RER A, une meulière sympa avec une extension moderne, le parcours est hard avec une belle côte à passer 3 fois, bref me voilà seul avec ma souffrance pendant 10 km, mes puls trop hautes et ma tonsure. Enfin presque seul, mon voisin Lolo fait signaleur et tire la gueule, il est en place depuis 7h du matin, sûrement pour compter les pigeons qui volent sur le dos pour ne pas voir la misère.
Je finis mon calvaire en 39'45, vraiment pas de quoi en faire un article sur le blog. La prochaine fois, pour les 10 km du Bois de Boulogne le 26 avril, je ne ferai ni muscu si squash ni sortie de 18 bornes du jeudi soir au samedi soir.
Ça fait trop mal le dimanche.
Après un court interlude, direction le Trocadéro, la Tour Eiffel et le 30ème km du marathon de Paris 2015. RDV avec mon boss, l'aider à finir son 1er marathon. Un moment j'ai les boules, de la musique, de l'ambiance, des marathoniens comme s'il en pleuvait un jour de grande déprime, je regrette de ne pas en être. Rassurez-vous ma frustration ne durera pas : parvenu dans les allées du bois de Boulogne je me remémore ma galère 2014 et là, instantanément, je vais mieux, ravi d'avoir économisé 100€ pour faire un cadeau d'anniversaire à @malinmaligne (clic) pour ses 45 ans.
Ma femme est vieille. Si vous êtes intéressé par un échange, merci de me contacter directement : emmanuel@auxangesetc.fr.
Arnaud arrive à l'heure, normal, la pendule ça nous connaît, on est fonctionnaire, Arnaud a l'air un peu fatigué, juste ce qu'il faut, petite photo et je le rejoins, on discute, on échange, je prodigue mes conseils de super spécialiste de la défaillance sur marathon (clic), là on est déjà au 35ème, il visait 3h59 mais je l'ai fait ralentir l'air de rien pour qu'il soit plus à son aise et qu'il... finisse.
Arnaud a faim, Arnaud bouffe au ravitaillement du 35ème, une dizaine de pâtes de fruit, Arnaud repart, Arnaud a encore faim on est au 37ème. Puis au 38ème. Puis au 39ème. Je lui dis regarde au loin y'a des panneaux ça doit être là, en fait j'ai oublié qu'il n'y a rien à boire ni à manger avant le 40ème. Arnaud bougonne. Arnaud tempète. Arnaud vitupère. Arnaud a faim. 40ème km. Je lui file un tube OVERSTIM's, il part faire une petite vidange urinaire pendant que je discute avec un certain Marco di Milano, Arnaud revient.
J'abandonne, je ne repars pas.
En 1936 à l'époque du Front Populaire si j'avais répondu à mon chef Tu te fous de ma gueule on est au 40ème t'abandonnes pas on y retourne j'aurais été viré.
En 2015, magie du travail collaboratif 2.0 et de la contestation de toute forme d'autorité Arnaud me suit sans broncher, on repart tranquillement, il a les cuisses qui tétanisent, je lui parle de ce qu'il va vivre avenue Foch une fois que le gel énergétique aura produit son effet, j e vante ses mérites, je loue ses exploits de chevalier vendéen monté sur ses cuisseaux de coureur à pied, j'en espère une prime à la fin de l'année, ça y est, il y est, 41ème km, la sécurité me demande de quitter le circuit que je n'ai pas payé, Arnaud file tel Sissi vers son destin pour boucler son 1er marathon en un beau 4h09.
C'est pas fini pour moi. Je continue à jouer les Saint Bernard en me transformant en béquille humaine d'une dame bloquée de la hanche droite depuis... 1 semaine et qui a quand même décidé de courir le marathon de Paris 2015 sous antalgiques, la souffrance a été terrible à compter du 30ème km, et là elle fait quelques mètres avec ses mômes de 10 ans d'âge pour rejoindre son mari, mes quelques phrases de morale à la con, vous n'auriez pas dû, sonnent aussi faux dans ma bouche que si je prononçais la messe devant l'équipe de Marc Dorcel.
Mais enfin, quand même, elle n'aurait pas dû. Surtout pour clôturer le parcours en 4h...
En résumé : beau dimanche à Paris et banlieue, sous vos applaudissements comme disait l'immense Jacques Martin. En prime, quelques photos.