A trois on y va

Publié le 12 avril 2015 par Cinephileamateur

"Je sais que certaines rencontres peuvent mal tournées, comme je sais que la frontière est très fine entre le jeu de la séduction et quelque chose,pourquoi pas de dangereux."
Au début, je n'étais pas très partant pour découvrir ce "A trois on y va". Si je devais y aller, c'était surtout en tant qu'accompagnateur. Mais bon, petit à petit je me suis fait à l'idée et il est vrai qu'au regard du casting que j'apprécie beaucoup, j'étais quand même assez curieux de visionner ce long métrage.
J'ai eu du mal à le caser dans mon emploi du temps (mon cinéma proposant peu de séances...) mais l'attente en valait la peine. En effet, je dois reconnaître que j'ai eu une certaine tendresse pour ce scénario écrit par Jérôme Bonnell et Maël Piriou. Le thème du triangle amoureux a déjà été abordé au cinéma mais j'ai trouvé ici que l'histoire était traitée avec une certaine délicatesse que j'ai beaucoup aimé. En effet, aucun des protagonistes ne m'a paru réellement mauvais dans ses intentions et la forte empathie que j'ai éprouvé pour eux a largement contribué au fait que j'ai passé un bon moment.
Avec son humour léger, cette histoire n'est jamais redondante. Bien au contraire, j'ai très vite été captivé par leur relation et les liens qui se créent entre eux. Curieux de savoir comment tout ceci allait se terminer, j'ai beaucoup aimé l'issue qui à l'image du film dégage aussi une certaine poésie. Tout ici n'est pas parfait mais je me suis vraiment surpris moi-même à savourer ce film qui a su me parler sans jamais tomber dans l'excès. Cette légèreté générale apporte beaucoup au film qui n'est jamais trop lourd.
Si cela fonctionne, c'est aussi principalement grâce à son trio d'acteurs qui forme une alchimie et une complicité qui fait plaisir à voir. Félix Moati par exemple en Micha est très bon. J'ai beaucoup aimé le traitement de son personnage qui n'est jamais salaud mais véritablement perdu dans une romance qui le dépasse et qu'il ne comprend pas. C'est assez intéressant je trouve de voir ce genre de personnage masculin. Le scénario à vraiment eu l'intelligence de ne pas le faire passer pour un goujat et le comédien contribue pour beaucoup aussi à ce trait de caractère.
On retrouve aussi Anaïs Demoustier en Mélodie. Bien qu'elle ne me fasse pas spécialement déplacer en salles, j'ai beaucoup d'affection pour cette actrice que je trouve très fraîche et très pétillante. Ici, c'est encore le cas. J'ai beaucoup aimé l'innocence et la fraîcheur de son rôle à la fois complexe et ambiguë mais qui est traité avec humanité ce qui fait que j'ai éprouvé pour elle aussi une grande tendresse. Son personnage à le rôle le moins facile de ce trio et l'actrice a su m'émouvoir dans la finesse de son interprétation.
Dernière protagoniste de ce trio, Sophie Verbeeck en Charlotte est elle aussi très bonne. Avant ce film, je ne connaissais pas cette actrice belge (c'est surtout Félix Moati et Anaïs Demoustier qui m'ont fait venir vers ce long métrage) mais elle m'a assez vite convaincu. C'est peut-être celle pour qui j'ai eu le plus de mal à accrocher (peut-être pour son comportement au début vis à vis de Micha) mais très vite cela a changé et la comédienne a su rendre son personnage crédible et tout aussi touchant à mes yeux.
Cette histoire est si brillamment porté par ce trio que derrière, le reste de la distribution semble inexistante. On rentre dans ce groupe et on se moque un peu de ce qui se passe autour tant c'est ce trio que l'on aime suivre. Cependant, il y a quand même quelques rôles secondaires qui m'ont plu comme Olivier Broche en prévenu pervers si pathétique que son personnage pourrait presque faire sourire si ce qu'on lui reproche n'était pas aussi grave. La scène avec Laure Calamy, une autre prévenue jugé pour dégradation de véhicule m'a elle aussi beaucoup fait rire. Quant à Patrick d'Assumçao en William, il est si grotesque que l'on comprend pourquoi le personnage de Mélodie ne lui en veut pas. Quoiqu'il en soit, ces seconds rôles assez triste amplifie malgré tout beaucoup la couleur et l'amour que bénéficie l'aura de ce trio à mes yeux.
Premier film que je vois de Jérôme Bonnell, j'ai beaucoup aimé sa réalisation. Il n'y a pas de grands plans mémorables mais j'ai ressenti à travers sa mise en scène la tendresse qu'il a voulu nous communiquer avec cette histoire. Il y a bien quelques scènes un peu facile comme la scène du bar lors de la fête chez les amis (et encore, cela apporte juste un petit côté vaudeville sympathique) mais c'est toujours très agréable à suivre. C'est peut-être pas un film de cinéma (à la télévision ça doit bien passer je pense) mais c'est quand même très bien filmé.
J'ai bien aimé notamment la photographie ainsi que le jeu fait sur la lumière. Dans ce sens, j'ai trouvé que c'était une très bonne idée de montrer le nord de la France avec une certaine chaleur et une certaine joie de vivre dans son ambiance. On aurait pu opter pour la facilité en faisant cette histoire à Paris mais les décors nordistes s'avèrent vite bien exploiter et bien coller au film. Concernant la bande originale composée par Mike Higbee, je l'ai trouvé très belle aussi avec cette touche de douceur qui fut appréciable à mes oreilles. Il n'y a que la chanson de Charlotte, un peu trop badant, qui m'a donné envie de m'ouvrir les veines mais hormis ce court passage, la musicalité du film m'a beaucoup plu.
Pour résumer, "A trois on y va" fut pour moi une vraie belle surprise. Je ne m'attendais pas à être aussi touché par ce film qui ne dispose pas de grands effets dans son traitement mais qui a su viser juste dans ses sentiments et dans la vision de ce triangle amoureux pour lequel j'ai eu beaucoup d'affection et de tendresse. Alors qu'elle aurait pu être casse gueule, même la fin de cette histoire m'a plu tandis que l'ensemble du film ne m'a jamais paru trop répétitif ou trop lourd. Son scénario à l'humour léger et à l'émotion sincère, son trio d'acteurs efficace, sa mise en scène qui va à l'essentiel et sa musique qui accompagne le tout font de ce long métrage une découverte que je ne regrette pas et que je serais même curieux de revoir plus tard. J'ai eu du mal à le découvrir en salles mais de mon côté, ça en valait vraiment la peine.