Après « Chaque jour que Dieu fait », Paolo Virzì nous livre sa nouvelle réalisation : « Les opportunistes ». Fabrizio Bentivoglio, Valeria Bruni Tedeschi, Matilde Gioli tiennent les rôles principaux. Paolo Virzì, Francesco Bruni et Francesco Piccolo, qui ont déjà travaillé à l’écriture ensemble sur « La prima cosa bella », signent le scénario. « Les opportunistes » sortait en DVD le 7 avril 2014.
Synopsis : Près du Lac de Côme en Italie, les familles de la richissime Carla Bernaschi et Dino Ossola, agent immobilier au bord de la faillite, sont liées par une même obsession : l’argent. Un accident la veille de Noël va brutalement changer leurs destins.
En choisissant d’adapter le roman « Human Capital » de Stephen Amidon, les scénaristes, Paolo Virzì, Francesco Bruni et Francesco Piccolo, se heurtent à un schéma narratif déjà trop souvent traité dans plusieurs longs-métrages. Avec « Les opportunistes », le principe de raconter une histoire plusieurs fois par différents points de vues s’épuise très vite. De même, l’entremêlement des différents axes se trouve être grossier et beaucoup trop facile dans sa construction. Heureusement, à l’inverse de la forme de l’histoire, le fond est réussi. Le long-métrage est, dans sa première partie, une satire savoureuse d’une bourgeoisie en chute libre, puis dans sa seconde partie, un très bon suspense à l’ambiance pesante. Le mélange de ces deux genres se fait avec intelligence, habituant au fur et à mesure, avec parcimonie, le spectateur à ce changement d’atmosphère. C’est peut-être là que réside l’atout central de « Les opportunistes » : son ambivalence.
Si le scénario fonctionne aussi bien, c’est aussi avant tout grâce à des personnages à la fois bien écrits et interprétés. Les scénaristes réussissent à créer des protagonistes antipathiques, tout en les rendant attachants dans leurs détresses. Il n’y a donc nul bon ou mauvais personnage, la frontière est beaucoup plus mince que cela. Fabrizio Bentivoglio, interprète de Dino Ossola, livre une performance de clown, avec ce personnage découvrant les joies et les désagréments de l’argent facile et portant beaucoup d’intérêt au paraître. Valeria Bruni Tedeschi incarne un personnage d’une belle douceur avec celui de Carla Bernaschi, qui essaye de s’échapper de cette prison dorée et réclame une indépendance par le biais de l’art. Cependant, le plus beau protagoniste reste Serena Ossola, incarnée par Matilde Gioli. Elle est l’intrus de l’ensemble, fuyant comme la peste la richesse et qui trouve refuge dans les bras d’un ancien détenu : la figure la plus humaniste.
À la réalisation, Paolo Virzì se trouve peu inspiré. Les séquences et plans s’enchaînent dans un conformisme déconcertant, là où le fond cherche à ne pas l’être. Il va même jusqu’à se perdre dans ce concept d’histoires entremêlées, ne ramenant la mise en scène qu’à un simple outil servant ce but. En chemin, il en oublie toutes notions de cadres et de montage, perdant à de maintes reprises le spectateur avec des moments étirés et non-rythmés. Les une heure et cinquante minutes avancent péniblement … La direction photographique de Jérôme Alméras cherche un réalisme trop prononcé, qui, au final, ne fera que sonner faux par des teintes grisées trop stylisées. Quant à elle, la bande-originale de Carlo Virzì se trouve être complètement absente, creusant un vide dans l’objet cinématographique qu’est « Les opportunistes ». Au final, c’est la technique du long-métrage que l’on pourrait définir d’opportuniste : opportuniste de cacher ses faiblesses derrière un bon scénario.
« Les opportunistes » est un long-métrage à la qualité scénaristique forte et très bien interprété, mais qui manque cruellement de vision artistique dans sa réalisation pour convaincre pleinement.
Les opportunistes. De Paolo Virzì. Avec Fabrizio Bentivoglio, Valeria Bruni Tedeschi, Matilde Gioli, Valeria Golino, Fabrizio Gifuni, Luigi Lo Cascio, Giovanni Anzaldo, …
Sortie en DVD le 7 avril 2015.