Ce massacre perpétré contre une centaine d'étudiants à Garissa dans la Nord du Kenya, et qui a vu également périr des agents des forces de sécurité, révolte le monde entier. Cet acte de cruauté éprouve la solidarité des chefs d'Etat spontanément débarqués en France pour soutenir l'ancêtre gaulois, quand il fut touché de plein fouet par une bande d'illuminés agissant au nom de mouvements terroristes.
Ils (les Chefs d'Etats) ne viendront, pas. Ils (les Chefs d'Etats) s'exprimeront peu ou pas !Pourquoi ? Donnons dans l'humour noir, pour tenter de le décrypter.
Il y a qu'on le veuille ou non, une catégorisation des humains qui s'applique aux morts. L'humour africain, l'humour de la rue stipule donc : " Il y a les morts et les décédés ".
Les victimes de Charlie Hebdo sont décédées suite à la furia de terroristes résolus à laver un affront ( ?). Ils ont frappés au cœur d'un géant, d'une nation qui compte. Et cette nation a prouvé à la face du monde sa capacité de riposte. En une, deux, les assaillants ont été localisés, pris en chasse et refroidis.
Quant aux étudiants de Garissa... Eh bien ! Ils sont morts ! Et bien malin qui comparera les funérailles d'un pauvre et d'un riche.
Mais plus sérieusement, il est clair qu'à compter du moment où les soldats kényans ont franchi la frontière somalienne pour combattre les shebabs,
Eh bien ! le Kenya est entré en guerre ! Il faut que le gouvernement kényan l'intègre et arrête si possible des mesures adéquates. Il convient également que les citoyens kényans l'intègrent, que le monde entier l'intègre.
A l'heure actuelle, les shebabs ont adopté une logique de guérilla urbaine contre l'Etat kényan. Et c'est bien cette donne qui semble refroidir l'ardeur de nos Chefs d'Etats. Se prononcer ouvertement contre la barbarie de Garissa à l'heure où la guérilla franchit un palier des plus sanglants dans ses objectifs lugubres de déstabilisation, c'est rejoindre en quelque sorte la ligne de front.
Nos Etats sont-ils prêts à l'assumer, quand ici et là, sommeillent ou éclatent des conflits internes ? Les non-dits, c'est que ces organisations criminelles ont des tentacules un peu partout. Le dossier somalien est devenu un bourbier, une question embarrassante dont bien des géants du monde ne souhaitent pas rouvrir la parenthèse. Alors, non ! Ils ne peuvent pas encourir le risque de se prononcer ouvertement.
Il existe une autre possibilité, celle de relativiser le choc et l'émoi, pour ne pas en rajouter au zèle de ces barbares d'une autre époque. Sauf que la note est trop salée, pour être simplement écartée du revers de la main.
A Garissa, c'est l'avenir du Kenya et ses futures têtes pensantes qui ont été charcutées. A Garissa, c'est l'Afrique et ses sillons futurs qui ont été massacrés. Bref ! Cette tuerie révoltante, répugnante, est un pied de nez au monde civilisé ; que dis-je, le contenu d'un pot de chambre balancé à la figure de l'humanité. Espérons que le peuple kényan n'en paye pas le prix fort.
Félicité Annick Foungbé Zimo, écrivain et analyste