Elle crée l'événement.
Neuf ans après l'exploit de L'élégance du hérisson -et le joug d'une fameuse dose de pression - Muriel Barbery publie La vie des elfes, sorte de conte, et de... rencontre de 2 fillettes, Maria et Clara, liées d'une forme de télépathie et d'un contact exceptionnel à la nature, à la musique, d'une faculté innée, propre à sauver le monde.
" Elle alla au grand piano joua la sonate russe qui l'avait saisie du vertige des cimes; et ils surent que c'était ainsi que les hommes devaient vivre et aimer, dans cette fureur et cette paix, avec cette intensité et cette rage, dans un monde balayé de couleurs et de terre et d'orage, dans un monde qui bleuit avec l'aube et s'assombrit sous l'averse."
Originaire d'Espagne, Maria vit en Bourgogne, au milieu de vieilles personnes. Recueillie par un curé des Abruzzes, Clara vaut à son don pianistique exceptionnel de monter à Rome. Les elfes veillent sur les 2 fillettes, tendant entre elles des ponts de rêves, de poèmes et de préhension.
Qu'en penser?
Il faut à tout prix éviter la comparaison avec Une gourmandise et L'élégance du hérisson.
Pas facile.
Si l'écriture reste élégante- quoiqu'un peu trop ciselée - la facture, attrayante - il est question d'harmonie, de Pavillon (des brumes) et de conseil des elfes (restreint) et les échos multiples (et subjectifs) à des oeuvres qui me sont chères (Qui vont d'Heidi à la montagne (Johanna Spyri au Domaine des murmures (Carole Martinez) en passant par le Soleil des Scorta (Laurent Gaudé) et La double vie de Véronique( Krzysztof Kieślowski) sans oublier, L'élégance des veuves (Alice Ferney) - j'avoue m'être quelque peu perdue dans le fil de la narration. Ne pas avoir "accroché" Etre restée de marbre, là où j'aurais voulu me liquéfier d'une ardeur sans pareille.
La magie ne m'a pas happée.
Je l'ai trouvée par trop...désincarnée
Et vous prie de m'en excuser
AE
La vie des elfes, Muriel Barbery, roman, Ed. Gallimard, mars 2015, 298 pp