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Snowpiercer, le transperceneige - 0/10

Par Aelezig

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Un film de Joon-ho Bong (2013 - Corée du Sud, France, USA, République tchèque) avec Chris Evans, Jamie Bell, Tilda Swinton, John Hurt, Octavia Spencer

RIDICULE.

L'histoire : Le réchauffement climatique a provoqué une ère glaciaire. Les seuls survivants sont montés à bord d'un train qui ne s'arrête jamais, sous peine de geler sur place. A l'intérieur, des wagons pour les pauvres, des wagons pour les riches. Les pauvres se révoltent. Heureusement, ils ont Captain America.

Mon avis : Un film débile, accumulant les poncifs, les clichés, les incohérences, les invraisemblances... j'ai rarement vu aussi mauvais. Et pourtant le Télé Loisirs mettait trois étoiles, ce qui est rarissime, en ajoutant "Une parabole intelligente et spectaculaire". Evidemment, vu comme ça, ça donne envie ! Ils ont dû s'emmêler les pinceaux avec un autre. Rappelez-moi de ne plus jamais lire les commentaires de Télé Loisirs.

Spectaculaire ? Laissez-moi rire. Tout se passe à l'intérieur du train, qui à part quelques petites fantaisies pseudo-futuristes, ressemble à n'importe quel autre train. Deux trois images où l'on voit sa silhouette qui file dans la neige.

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D'ailleurs, face à un film d'anticipation, je m'attendais à voir le monde qui nous attendait. Ben on en voit rien du tout. Juste une fois, quand les "héros" accèdent aux voitures de tête qui ont des fenêtres, ils voient le paysage, et nous aussi. Ca dure environ trois secondes. Une ville prise dans les glaces. Le bol, dîtes donc, sur 44.000 km, on aurait pu tomber sur une steppe gelée, là, c'est chic, c'est une ville avec des tours givrées, très photogéniques !

On n'arrête pas de se poser des questions, parce que rien n'est expliqué et les incohérences nombreuses, donc on a l'impression de ne rien piger. Et puis rapidement c'est si grotesque qu'on se met à rigoler, on comprend qu'il n'y a rien à comprendre, et on se met à chercher toutes les bêtises et les erreurs, histoire de se marrer. Le scénario tient sur une ligne : comment Chris Evans va-t-il se rendre du dernier wagon jusqu'au premier. Exaltant.

Petit florilège des absurdités en tous genres :

Super méga gros cliché, ce huis-clos pourrait être repris (et ça a déjà été fait un million de fois) et transposé n'importe où, à n'importe quelle époque. Les gentils pauvres, les méchants riches, les trains à bestiaux de la Shoah, les costumes des soldats - tiens comme c'est bizarre - qui évoquent étrangement ceux des SS... Emballé à la grosse ficelle bleu qui pète.

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Et puis d'abord, comment il marche, ce foutu train ? Il ne s'arrête jamais. Ce qui veut dire que l'humanité avait prévu un rail qui fasse le tour de la terre, ou bien un quelconque circuit fermé. Avec quel carburant ? 17 ans ! A part l'énergie solaire, je ne vois pas... Mais il en faut un paquet pour faire fonctionner le truc, le chauffage, etc... Or, on ne voit aucun capteur ou quoi que ce soit. On croit comprendre à un moment que le train file sur sa lancée, mu par sa propre énergie au départ. Ouais. Ce qui veut dire qu'ils avaient aussi fabriqué un rail qui court pile poil dans des zones où il n'y a aucune montée... Mais bon... c'est de l'anticipation, hein, on va dire qu'ils avaient tout inventé comme il faut. Oui mais... s'ils avaient tout inventé, pourquoi ne pas mettre cette science à profit dans les immeubles, plutôt que dans un train ? Et comment ils renouvellent l'oxygène là-dedans ? Tout est calfeutré pour que l'air du dehors, glacial, ne rentre pas.

Comme il ne s'arrête pas, on suppose qu'il est parti d'un seul endroit. Comment se fait-il dans ce cas que les passagers ne parlent pas tous la même langue ? Ou alors, il s'est arrêté de temps en temps, un coup en Corée, un coup en Russie, un coup en Espagne ? Et comment ils arrivent à se comprendre tous ? S'ils ont appris l'anglais (en 17 ans ça me paraît faisable !), et ben qu'ils parlent anglais avec un accent, ce serait plus crédible. Y en a bien un qui a un petit traducteur de poche, pourquoi lui, pourquoi un seul ? Mystère et boule de gomme.

Et c'est quoi ce truc qu'ils mangent ? Des gros rectangles de jelly bourrés de protéines. A un moment, le Chris arrive à se pencher sur la marmite et grimace d'horreur. Sauf que nous, on a pu eu le temps de voir ce qu'il y avait dedans.

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Comment se fait-il qu'il n'y ait pas plus de malades ? Avec la saleté, l'air vicié, cette nourriture bizarre... ils devraient avoir des sacrés carences, des poux, des morpions et des microbes. Et pourquoi on leur gèle de temps en temps un bras ou une jambe ? Juste pour faire peur ? Le revolver sur la tempe, ça fait ses preuves depuis longtemps. Fort amusant d'ailleurs, dans les conditions d'hygiène que l'on a vues, de voir comment le bout de bras qui reste (il a cassé en mille morceaux forcément) se cicatrise vite fait bien fait !

Et puis... quand on voit la façon dont les méchants traitent les pauvres, pourquoi ne les exterminent-ils pas tout bonnement ? Ce serait tout de même beaucoup plus simple. Je sais, c'est féroce, mais même dans la réalité, ils y ont pensé, alors dans un film...

Bon j'arrête, mais ce n'est pas fini, pourtant !

Chris Evans a l'air totalement niais, avec son bonnet de marin breton du début jusqu'à la fin, et la même expression sur la tête pendant tout le film ; on dirait Super Mario, qui avance de monde wagon en monde wagon ! Jamie Bell ne vaut guère mieux, une tête à claques ; Tilda est méconnaissable... je n'ai vu qu'au générique de fin qu'elle jouait dans le film !

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Une horreur, ce truc !

Voyons voir les critiques sur le Net, car j'avais dans le souvenir que le film avait eu une bonne presse...

Ah ben alors là, c'est le pompon. Tout le monde, ou presque, a adoré !

"La richesse de "Snowpiercer" est telle qu'il faudrait le voir encore et encore pour cerner tout ce qui fait de ce film l'oeuvre complexe et politique qu'on n'attendait plus (CinémaTeaser... alors là, moi je dois être complètement débile !) ; "un petit bijou de science-fiction (Le Parisien... où voient-ils de la science-fiction là-dedans, où est la science ? c'est de l'anticipation, bande d'ignares...) ; "Une belle allégorie filmique en huis clos, d'une noirceur oppressante, qui fonctionne parfaitement et parvient à distiller une part émotionnelle appréciable, tout en entrouvrant une porte d'optimisme et d'espoir sur l'humanité" (L'Ecran Fantastique... la vache, tout est là, ils ont tout pris au premier degré, comme s'ils n'avaient jamais rien lu, jamais rien vu auparavant)  ; "Dans "Snowpiercer", on passe de l’effroi au burlesque, de l’action à la philosophie le temps d’une séquence dialoguée ou d’une explosion de violence. (...) Du caviar à la louche pour cinéphiles affamés" (Paris Match... je rêve ! pincez-moi) ; "Le nihilisme du film, sa mélancolie et sa vision du chaos prennent à la gorge" (Le Journal du Dimanche... elle est secouée de rire, la mienne, de gorge). Même Télérama adore. Ils ont été payés, ou quoi ?

Ah tiens, enfin, un mec qui a vu la même chose que moi : "Rien de nouveau sous ce soleil sans chaleur qui éclaire, tel un néon du néant, une planète dévastée par la folie des apprentis sorciers de la science. (...) Le film se complexifie et multiplie les symboles… et, malheureusement, les clichés" (autre journaliste de Paris Match).

Heureusement, les commentaires des spectateurs me rassurent un peu ; non, je ne suis pas complètement folle et beaucoup ont été très déçus : linéaire, bâclé, décevant, bancal, invraisemblable, lassant, répétitif, pseudo-allégorique, creux, bidon, incohérent... Y a pas que moi qui ait trouvé ça total niais.

Pour finir, rappelons que Joon Ho Bong est le réalisateur de The host, un film quand même super kitsch !


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