Le Conseil pontifical pour la pastorale des migrants estime, dans un document adopté à l'issue d'une assemblée plénière, que "le maintien de l'unité de la famille" et les regroupements familiaux pour les immigrés sont "un objectif fondamental". Dans la mesure où les immigrés "représentent une ressource pour les sociétés où ils travaillent (...), il ont droit à ce que l'on affronte le problème des familles séparées". "Cela peut être fait avant tout en favorisant le regroupement familial dans le pays d'accueil". Notons que la presse ne nous donne que des fragments du document. On trouve quand même que le Vatican estime qu'il est possible de faire face à la séparation des membres de la famille
"en examinant les causes profondes des migrations et le rôle que le développement peut jouer dans la recherche d'une solution".
C'est-à-dire que les migrations ne sont pas une solution à la pauvreté du Tiers-Monde et que le développement du pays d'origine doit rester un objectif. Mais cela nous éloigne du sujet polémique, déjà traité par ailleurs : doit-on s'opposer au regroupement familial ? La doctrine sociale de l'Eglise rappelle que l'Etat a parfaitement le droit de réguler l'immigration. Mais si l'Etat accepte de faire entrer des immigrés sur son territoire, il ne peut pas en même temps refuser l'entrée à leurs familles. Doit-on faire comme les négriers modernes qui exploitent les immigrés pour leurs seuls profits ? Si on accepte l'immigré, on n'a pas le droit de l'obliger à quitter sa famille. Si on ne veut pas de sa famille, alors on doit se passer de l'immigré.
Mais, dira-t-on, c'est le regroupement familial qui est à l'origine de l'immigration de peuplement que connaît la France. Alors que faire ? Mais est-ce vraiment le cas ? N'est-ce pas plutôt le droit du sol qui est à l'origine de cette immigration de peuplement ? Tout le monde connaît des Français partis plusieurs années dans des pays en Asie, aux Amériques, au Moyen-Orient... Les enfants conçus dans ces pays n'ont pas le choix de leur nationalité : ils seront Français. Si l'on veut légitimement donner un arrêt à cette immigration de peuplement, c'est le code de la nationalité qu'il faut revoir, la politique de naturalisation ainsi que le droit du sol. Autrement formulé, c'est à la politique d'immigration qu'il faut s'en prendre et non à l'immigré en lui déniant le droit de venir en famille, à partir du moment où cette immigration a été autorisée.