Viens, ô toi que j’adore.
Ton pas est plus joyeux
Que le vent des cieux ;
Viens, les yeux de l’aurore
Sont divins, mais tes yeux
-Me regardent mieux.
Avril, c’est la jeunesse.
Viens, sortons, la maison,
L’enclos, la prison,
Le foyer, la sagesse,
N’ont jamais eu raison
Contre la saison.
Pour peu que tu le veuilles,
Nous serons heureux ; vois,
L’aube est sur les toits,
Et l’eau court sous les feuilles,
Et l’oh entend des voix
Du ciel dans les bois.
Toutes les douces choses,
L’hirondelle au retour
Dans la vieille tour,
Les chansons et les roses
Et la clarté du jour,
Sont faites d’amour.
Aimer, c’est lâ première
Des lois du Dieu clément ;
Le bois est charmant ;
Et c’est de la lumière ;
Et c’est du firmament
Qu’on fait en aimant.
Belle, à la mort tout change ;
Le ciel s’ouvre, embaumé,
Superbe, enflammé,
Et nous dit : viens ! sois ange !
Mais qui n’a pas aimé
Le trouve fermé.
28 mai 1857. Guernesey.
Victor Hugo