German angst : critique (bifff 2015)

Par Killg

Les noms de Buttgereit et de Kosakowski sonnent comme une symphonie du macabrement gore à l'oreille du fantasticophile nostalgique. Retrouver donc les noms de tels réalisateurs cultes à l'affiche d'un film ne peut qu'éveiller la curiosité. Une curiosité qui va être largement récompensée tant German Angst tient ses implicites promesses.

Les 3 segments extrêmement anxiogènes,réalisés par Jörg Buttgereit,Michal Kosakowski et Andreas Marschall, qui composent ce film à sketches, sont chacun à leur manière percutants. Pas de baisse de régime comme c'est souvent le cas dans les anthologies.

Le premier segment met en scène une jeune fille à l'apparente inoffensivité mais qui s'avérera d'une énorme cruauté. Réalisé par Buttgereit , Final Girl est froid , sobre et chirurgical dans sa mise en scène et ses effets gores. La gamine qui joue le rôle principale (Lola Gave) est aussi charismatique que sa beauté est innocente. Il n'est pas sans rappeler le Hard Candy de David Slade.

Le deuxième segment,Make A Wish, réalisé par Michal Kosakowski nous conte les mésaventures d'un jeune couple sourd et muet, qui se verra harceler et torturer par une sale bande de nazillons perverse et violente. Kosakowski intègre dans son film un élément fantastique issu de l'univers cartoonesque: l'interversion de personnalités. Le metteur en scène nous sert un savant mélange de fantastique et de cinéma vérité brut de décoffrage. Les scènes de violence sont percutantes et les acteurs carrément bluffants.

On change quelque peu de registre esthétique avec Alraune, d'Andreas Marschall, qui suit la lente descente aux enfers d'un photographe, qui, par l'entremise d'une callgirl rencontrée en boite de nuit, intègre une société secrète fétichiste. Stylisé et agrémenté de quelques idées scéniques farfelues, ce segment se démarque des deux autres par son traitement plus académiquement cinématographique. On ressent dans ce court les influences très nettes du giallo pour son aspect visuel mais aussi de Society, de Brian Yuzna pour sa thématique. Marshall nous offre, en plus une très belle scène d'amour gore monstrueuse .

C'est avec cette dernière bobine que ce clôt ce German Angst à l'enthousiasme morbide qui se permet en plus quelques moments satiriques des plus dérangeants.

Bref, German Angst est une belle surprise féroce et stylisée. Un film à sketches mordant, intelligent et bougrement efficace qui entérine l'énorme talent pas assez reconnu de ses auteurs.

Pour les curieux, le film sera projeté au BIFFF le 14 avril 2015.