T’as vu? C’était pas si dur finalement. Y avait pas de quoi en faire toute une montagne. Et puis, on te l’a dit, les plus hautes montagnes se gravissent comme les petites: à petit pas.
T’as réussi. T’en doutais? Mais pourquoi? T’as toujours réussi. Plus ou moins bien, avec plus ou moins de casse, c’est vrai. Et alors? Qu’est-ce que ça change? Et puis, on ne parle pas d’échec, mais d’expérience. Ca aussi, on te l’a dit, en même temps que de sécher tes larmes et redresser la tête, il y a longtemps.
Pourquoi tu t’en fais, de tes erreurs? Est-ce si grave? Elles ne blessent personne, sauf ton amour-propre. T’auras bientôt oublié. C’est pas la peine de t’en souvenir, de toute façon.
Avance, ne regarde pas en arrière. Il sera toujours temps plus tard, bien plus tard, de faire le bilan, quand, par la force des choses ou de l’âge, tu ne pourras plus aller de l’avant. Tu verras alors que tu seras bien plus indulgente sur ton parcours que maintenant. je suis sûre qu’il y aura même un peu de tendresse dans ton regard délavé.
Respire. L’apnée n’est belle que dans le bleu des mers. Souffle, crie, tempête, mais respire: tu es vivante. C’était pas si dur, je te l’avais bien dit. Mesure ta chance, et savoure la. Touche la du doigt, au lieu de te lamenter. Tu perds ton temps. Chante, puisque tu n’as pas de vraie raison de pleurer. Emerveille-toi. Laisse rentrer la lumière.
Tu vois? c’était pas si dur.