C’est à nouveau Paris, par la gloire des poussières d’Eurostar. Un défilé ordinaire le long des vitrines du luxe.
Lancel lancinant près du bon vieux George V. Quelques vieilles gloires, entre FDR en bas et MFB en haut, près du pissoire.
Peu de lavomatic sur les pavés. Sous les pavés encore du béton armé. Des batailles et des forains, un Lido à la volée qui trône sans fard ni foire près d’un Zara-thoustra. C’est les soldes, révolution de cocagne, c’est la consommation à qui mieux mieux. A la saison des pluies comme en été gris, c’est la démocratie des princes et princesses du Moyen Orient, des filles de l’Est et des Asian Beauties.
Ici un kiosque, parait que ça se réchauffe sur Terre. Pas du côté de nos Champs Elysées, ce n’est pas encore l’enfer, peut être ailleurs, là où l’Ailleurs forcément s’ennivre et s’emmure. Dieu n’est plus en haut mais descend le long de la ligne 1, et d’un oeil de la Calypso on devine les abysses, retransmission en direct du Qin. Jeu de mains, jeu de vilains, les appareils photographiques carburent aux touristes.
Ce soir les pompiers se sont trompés d’échelle, ce n’est pas au 3ème que ça flambe mais au moins 5, là où les mahjongs font l’objet des paris du monde. Dehors, au rez-de-chaussée, vers l’Arc d’un certain triomphe, le soldat sans papier se fait réveiller par une bande de jeunes joueurs de djembés. C’est l’événement du lundi, devant Célio, la prison a lâché du lest, 2 euros à la volée vers un béret roumain.
Et la poussière, sur les descentes de patins à roulettes, et la poussière avec laquelle l’enfant s’amuse à glisser et à détruire son jean acheté par sa tata, et la poussière, noire comme l’espoir, quand les lumières n’aveuglent et n’impressionnent plus que Gorbatchev, dans son taxi Vuitton; paraît que c’est le voyage. Paraît même que c’est l’éternel retour. Poussière, poussière, me mènes-tu quelquepart ou me fais tu tourner en rond autour de la place de l’étoile ?
“Tout ce que je ne connaîtrai jamais
Tout cela tout cela changé en ce vin pur
Dont Paris avait soif
Me fut alors présenté”
Guillaume Apollinaire