L'équipe néo-zélandaise, avec des collègues japonais et américains, a employé les grands moyens pour envoyer des ondes sismiques à plus de 100 km de profondeur dans le manteau terrestre. Ils ont déployé des capteurs sur une ligne de 85 km de longueur, au sol comme en mer, pour enregistrer les ondes provoquées par 12 explosions de 500 kg de dynamite placés dans des puits souterrains.Ce dispositif leur permet de distinguer pour la première fois la structure verticale fine de la frontière entre la lithosphère, autrement dit la plaque constituée de la croûte océanique et d'une partie du manteau supérieur, et l'asthénosphère, partie moins rigide du manteau. «La surprise, c'est qu'ils voient une frontière très fine, de seulement 1 km, sous laquelle se trouve une autre couche de 10 km, qu'ils appellent un chenal de cisaillement, détaille Catherine Rychert, géophysicienne à l'université de Southampton en Angleterre. Cette structure qui a une faible viscosité expliquerait selon eux comment le mouvement de la plaque peut être découplé de celui du manteau en dessous.»Le caractère plus visqueux de cette couche intermédiaire pourrait s'expliquer par la présence de magma, même en faible proportion, dans les roches du manteau. «Nous avons montré il y a quelques mois dans la même revue Nature qu'il suffisait de 1 % de roche en fusion entre 70 et 80 km de profondeur pour expliquer les variations de conductivité électrique qu'on observe dans cette région», précise Fabrice Gaillard. Une explication que les Néo-Zélandais ne mentionnent pas dans leur article, alors qu'elle résout pourtant une grande partie de leurs interrogations.auteur Cyrille Vanlerberghe4 février 2015http://www.lefigaro.fr/sciences/2015/02/04/01008-20150204ARTFIG00416-les-dessous-de-la-tectonique-des-plaques.php