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Le fric c'est chic ! (2)

Par Pseudo

Copy Sylvain Thomas - AFP.jpgOn peut penser bien des choses de Robert Ménard, l'ancien «reporter sans frontières» grande gueule et plutôt courageux, reconverti dans l'action politique après avoir pris de haute lutte, en 2014, une ville de Béziers enfoncée dans son avachissement crasseux.

Rompu à l'art — clinquant mais opportunément dosé — de la provocation, il n'a sans doute pas encore su rendre, en une première année de gouvernance municipale, le lustre qu'il promettait à la pauvre cité languedocienne. Abandonnée pendant des décennies à un clientélisme au jus «méditerranéen», inactive, farcie de communautés mal emboîtées — et de ce qui s'ensuit immanquablement dans ce cas-là : communautarisme incivique, vindicatif et parasitaire, aux pôles conflictuels —, comment aurait-elle pu, en un an à peine, nettoyer ses trottoirs, trouver un emploi à tous les désœuvrés, fainéants compris, chasser dealers et racaille hors les murs... et faire rentrer dans les appartements ce satané linge séchant aux fenêtres ? D'autant que l'intercommunalité, dont dépend pour une bonne part les décisions susceptibles d'influencer la revitalisation économique de la ville, s'est retrouvée en confrontation politique avec la nouvelle municipalité ! Tels que Ménard en avait hérité, les atouts propres à la ville n'étaient déjà pas si nombreux ; l'aigre mésentente avec l'échelon communautaire ne risquait pas d'élargir sa marge de manœuvre.

A tel point que de fins observateurs, pas forcément bien intentionnés à son endroit — mais comment ne pas s'attendre à un concours de mauvaise foi, s'agissant d'un maire «passé avec le soutien du Front national», selon le mantra débité par télés et radios —, ont pu faire valoir que hormis l'art de communiquer ou de survendre le symbole, le bilan du nouvel édile était bien mince. Beaucoup de bruit pour rien, en somme...

Sans doute. Pour tout cela, et d'autres raisons peut-être aussi, on pourra donc penser bien des choses de Robert Ménard. Mais s'il y a un talent qu'on ne pourra lui dénier, c'est celui d'accrocher l'attention du public, l'alerter, et l'emballer dans sa poche avec une roublardise inégalable... qui peut ne pas manquer de sincérité pour autant ! Il avait déjà démontré cette capacité en faisant placarder dans la ville des revendications contre le prix jugé excessif de l'approvisionnement en eau potable et de l'assainissement, dont la maîtrise d'ouvrage relève de l'intercommunalité.

Galeries Lafayette - Béziers.jpg
Il en remet une couche, plus inattendue, contre un(e) chef d'entreprise privée cette fois, coupable de fermer un de ses centres de profit, à Béziers, pour en ouvrir un au Qatar.

L'affiche (ci-contre) parle d'elle-même. Et quoi qu'on pense, par ailleurs, de ce bouillant Ménard, qui oserait dire — parmi les prétendus «amis du peuple», ou se posant en défenseurs des intérêts, des droits, de l'émancipation de ce même peuple — qu'il n'y a là que de la démagogie placardée, du poujadisme, un populisme nauséabond ? A moins d'approuver, intimement, ce capitalisme de voyous, où l'appétit des enrichis ne connaît aucune borne. Même quand ces voyous prennent les traits d'une vieille dame très comme-il-faut.

Maintenant, qu'il s'agisse de la bonne tactique pour contrer celle des voyous enfriqués, ça c'est une autre histoire, dont je ne juge pas ici.

     

(Illustrations, de haut en bas : Robert Ménard, maire de Béziers, © Sylvain Thomas, AFP ; affiche contre la fermeture des Galeries Lafayette à Béziers)


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