Le lancement de solutions d'évaluation des comportements au volant par plusieurs compagnies – ainsi que certaines déclarations plus précises – le laissait pressentir depuis quelques mois, c'est désormais chose faite : l'assurance dont les primes sont modulées en fonction de la conduite (« Pay How You Drive ») a débarqué en France !
La première à se jeter dans l'arène est Direct Assurance, la filiale en ligne d'AXA, sous la marque YouDrive, ciblant tout particulièrement les jeunes conducteurs. Pour le reste, l'approche retenue est résolument classique. Le client installe un boîtier spécialisé dans son véhicule, qui va mesurer en permanence sa vitesse, ses prises de virage, ses accélérations et freinages. L'analyse des données collectées sert à produire un score de risque, utilisé à son tour pour récompenser les automobilistes prudents.
Et, pour la première fois en France, c'est la prime d'assurance qui va être directement affectée par les résultats obtenus. La promesse est alléchante puisque la réduction peut atteindre 40% (et même 50% pour les « petits rouleurs »), sans jamais encourir le moindre effet négatif (surcoût ou résiliation). De plus, afin de mieux inciter ses clients à optimiser leur comportement dans la durée, le réajustement est réalisé chaque mois et un suivi des scores – actualisé après chaque trajet – est accessible en ligne et sur mobile, incluant le montant d'économie prévisible sur l'échéance à venir.
La transparence est également à l'ordre du jour avant l'adhésion. Dans le but de vaincre les éventuelles réticences des prospects, YouDrive met en avant son application mobile « lite », qui permet à chacun d'évaluer individuellement, en toute autonomie et sans engagement, l'intérêt potentiel de l'assurance modulée selon le comportement. Encore manque-t-il (apparemment) dans cette solution une estimation concrète et chiffrée des économies qu'il est possible d'espérer avec les scores obtenus.
Il aura fallu du temps pour que le concept de « Pay How You Drive » traverse l'Atlantique (l'une des premières expérimentations américaines, par Progressive, date de 2011) mais c'est maintenant une réalité, en dépit des (nombreux) oiseaux de mauvais augure qui affirmaient que sa transposition en France était impossible… Il est vrai qu'il reste à vérifier l'appétence des consommateurs pour ces solutions, qu'ils peuvent être prompts à considérer comme trop intrusives vis-à-vis de leurs données personnelles.
De ce point de vue, AXA met toutes les chances de son côté, avec la sélection d'une cible de clientèle qui devrait être la plus facile à convaincre. A la fois jeune et adepte de l'assurance en ligne, elle présente en effet un profil plus technophile que la moyenne, moins inquiet des usages que font les entreprises des informations qu'elles collectent et particulièrement sensible aux réductions de primes (à la fois par les tarifs élevés qui lui sont réservés et les moyens plus modestes qui la caractérise).
Expérience à suivre, donc…