« Tout avait bien mal commencé. Dès le soir du second tour des élections départementales, le 29 mars dernier, alors que la droite, pendant toute la campagne, était restée muette sur l’identité de son candidat à la présidence du département, manière scandaleuse de traiter les électeurs, les pressions, les menaces, les coups de téléphone parisiens s’abattaient sur le centriste Jean-Paul Legendre, pourtant représentant véritable et - quant à lui - authentiquement enraciné de notre territoire, pour l’obliger à renoncer à se présenter à ce poste qu’il aurait occupé, disait-il, dans un esprit de justice et une volonté d’équité, valeurs étrangères à la jeune garde lemairiste. Il s’est exécuté. Il s’est effacé. C’était brutal.
Dès sa séance d’installation, le nouveau président UMP de l’Eure a donné le ton. Pas un mot d’estime, de reconnaissance ou de courtoisie pour son prédécesseur et le travail fait pendant quinze ans par une équipe au service du département et de son développement. Le nom de Jean-Louis Destans ne fut même pas prononcé. La tradition républicaine était foulée aux pieds. C’était grossier.
Dès avant que les résultats officiels soient publiés - du jamais vu ! - l’ancien directeur général de l’UMP en faillite était propulsé à la tête des services du département. L’impréparation flagrante et la compétence incertaine du nouvel élu rendaient obligatoire ce parachutage en catastrophe d’un ancien préfet pour cacher que le roi des vernonnais était nu. Le grand vizir, après avoir demandé son chemin à la gare, découvre en ce moment même la réalité de nos villes et de nos villages sur Wikipédia. C’était méprisant.
Dès avant que le pauvre Sébastien ne s’assoit sur son fauteuil, ces deux parrains, ces deux chaperons, ces deux papas, ces deux tontons, Cousin Morin, éleveur de Yearlings qui se souvient avoir débarqué à Omaha, et grand-père Le Maire, permanent patenté d’une politique de cumuls déguisés, mettaient sur leur petit débutant la pression, lui rappelant, en s’asseyant au premier rang de la séance d’installation, qu’ils étaient les vrais patrons. Comme les émigrés de Coblence, ils n’ont pas changé. Rien compris. Rien appris. C’était arrogant.
Dès avant que l’ancien attaché parlementaire du Ministre des affaires européennes, qui a ruiné en son temps les agriculteurs et éleveurs eurois, n’a dit un mot, émis un son, prononcé une parole, on lui adjoignait, un peu comme à Mgr Gaillot autrefois, un coadjuteur, élu battu de Paris, un dénommé Laurent Dominati, pour limiter ses erreurs, maladresses, et autres bêtises, annoncées jusque depuis les rangs de la droite comme volant en escadrilles lorsque le jeune président s’exprime. C’était exagéré.
Dès avant que les habitants de Vernon s’aperçoivent que celui qu’ils avaient élu -il y a moins de douze mois- pour 6 ans leur avait menti par omission, taisant sa future désertion et prenant aussitôt la poudre d’escampette pour Evreux M. Lecornu révélait dans un entretien scandaleux donné au blog « caméra diagonale », donnant l’air de ne pas comprendre l’énormité qu’il proférait, qu’il s’assiérait sur les lois, ignorerait la morale et contournerait les institutions pour nommer « à titre de remplaçant » un maire de « paille » dont il serait le ventriloque à chaque conseil municipal. Quel modèle d’instruction civique ! C’était honteux.
Mais le plus gros était encore à venir. Pour préparer, au chaud, sa candidature aux législatives de 2017 et faire face au tollé que suscite à Vernon aussi bien son départ précipité que la nomination d’un prête nom missionné à l’inauguration des chrysanthèmes, un coup tordu vient d’être mis au point. Un recours bidon est déposé depuis deux jours contre l’élection de M. Lecornu. L’objectif de cette manipulation est de neutraliser, tant que la procédure sera en cours, l’incompatibilité entre les fonctions de maire de Vernon et de président du conseil départemental de l’Eure qu’il veut cumuler. Ainsi est tourné l’esprit de la règle. Ainsi est dupé le citoyen. Ainsi est anesthésiée la colère populaire. Devant cette hypocrisie que certains qualifient de magouille les socialistes n’ont pas envie de dire « bravo l’artiste ». Les affaires publiques, les impôts, les équipements, la voirie ne sont pas un jeu d’enfant. En 15 jours seulement, c’est déjà un recul de 15 ans en arrière. C’est le retour aux vieilles méthodes, aux petits arrangements entre amis, à la politicaillerie la plus détestable. Le département avait « une Eure d’avance ». Avec la droite, il commence déjà, au bout de deux semaines seulement, à accumuler les retards. » Marc-Antoine Jamet Premier secrétaire fédéral du PS de l'Eure