José Bové sera demain soir en conférence à La Rochelle.© AFP
«Je me souviens très bien de ma première venue à La Rochelle car j'ai eu la chance d'y arriver par la mer, en voilier, entre les deux tours. » De ce récit remontant au milieu des années 80, on découvre le goût pour la voile de José Bové. Pas très altermondialiste comme passe-temps ? Le député européen ne s'en cache pas : c'est un voileux, surtout en Méditerranée. De sa passion, il tire des combats militants, contre les forages pétroliers au large de Marseille et Toulon en 2012 ou plus récemment contre les boues rouges sur le littoral provençal.Avec Bové, le combat se décline sur plusieurs fronts, sur tous les terrains. Auteur de deux ouvrages récents, « Hold-up à Bruxelles » et « L'Alimentation en otage », l'écologiste cible les multinationales de tout bois et espère susciter des prises de conscience dans les populations. On lui a proposé de s'inviter dans trois débats, vifs, en Charente-Maritime.« Sud Ouest ». Une « zone à défendre » (ZAD) a vu le jour à proximité du projet d'incinérateur à Échillais. Soutenez-vous ces zadistes ?José Bové. J'ai été en lien avec ces personnes. Bien entendu que je les soutiens, car l'incinération est une technique du passé et une technique dangereuse par la pollution qu'elle engendre. De plus en plus de pays renoncent aux incinérateurs, notamment dans le nord de l'Europe. La problématique des déchets est liée au gaspillage produit par nos sociétés occidentales. Il suffit de se rendre dans une grande surface pour constater de combien d'emballages inutiles on s'encombre. Tant que les politiques locaux n'instaureront pas un paiement de taxes des ordures ménagères proportionnelles au poids de ces déchets, il n'y aura pas de prise de conscience.Dans votre livre « L'Alimentation en danger », vous critiquez l'industrie de la viande et celle du lait. Est-ce la fin de l'élevage, si cher à la Charente-Maritime ?Ce que je critique, c'est l'élevage industriel : la viande qu'il produit en Europe nécessite 36 millions d'hectares de soja produits dans le monde. Or ce sont des terres agricoles qui devraient servir à nourrir des humains. Il faut réorganiser l'agriculture, que les paysans soient en responsabilité pour choisir leur production, leurs semences. De toute façon, on n'a plus le choix car notre modèle agricole s'essouffle, il faut travailler sur des circuits courts.Dans l'île d'Oléron, la construction d'un McDo suscite une forte opposition. Cela vous fait forcément plaisir ?Oui, car l'alimentation est la première des médecines. Et ce n'est pas plus cher. À Marseille, des études ont montré que des paniers issus de circuits courts étaient, à l'année, 20 % moins chers que ceux issus de Lidl. Il faut lutter contre le contrôle des multinationales et donc contre la standardisation du goût et l'industrialisation de la production des fast-food.Publié le 10/04/2015 par Luc Bourriannehttp://www.sudouest.fr/2015/04/10/bove-tout-terrain-1886912-1336.php