Les bars culturels de La Rochelle proposent concerts, expositions, débats et échanges citoyens. Leur point commun repose assurément sur la culture du goût.
Assis sur son tabouret, un livre à la main, Charles sourit : « Dans ce monde assez étrange, ce genre de lieu est recommandé! » Nous sommes à l’Aïon, du côté des Minimes. Mais d’autres passionnés se sont aussi installés au centre ville de La Rochelle, comme en périphérie. Le Vinophone propose sa programmation en plein cœur de ville, non loin du Barbarella. La Méduse s’est posée dans le quartier de La Palice. La cave de Laleu porte bien son nom. L’Harmattan et la Goul’Beun Aise proposent aussi leurs concerts. Et tous les autres.Leur point commun ? Une certaine philosophie de vie. François-Cyril a ouvert le Vinophone il y a trois ans. Il nous vient de radio RFI « Ce que nous recherchons en priorité ici, c’est la rencontre. La qualité d ‘échange est facilitée dans une ambiance colorée. C’est un endroit où l’on peut tout dire ». A l’AÏon, Quentin confirme : « Notre pari, c’est le mélange. Cette vision est forcément utopique mais cela fonctionne. Ce que nous proposons s’adresse à des publics différents. Les genres musicaux sont multiples. De ce fait nous n’avons pas de public attitré. Il y a ici un vrai mélange intergénérationnel. »Cédric était régisseur de théâtre à Paris avant d’ouvrir le Vinophone
« Nous prenons le temps »
Quelle sirène est venue donner à ces lieux le privilège de la communication ? François-Cyril a un début d’explication : « Notre génération n’a plus envie de vivre et de manger comme ses parents. Tous nos vins sont bios. Nos produits sont simples mais proviennent des artisans locaux. Nous choisissons les artistes que nous exposons sur nos murs, comme la nourriture que nous proposons. Nous prenons le temps. » C’est ainsi que la culture du goût gagne les salles de café. Du concert de rock au chant accompagné à la contrebasse ; du théâtre d’improvisation au débat citoyen. Les bars culturels de La Rochelle séduisent une clientèle éclectique recherchant une certaine qualité de vie.Une offre culturelle éclectique
La ruche qui dit oui investit ces lieux. On ne sait plus vraiment s’il s’agit de brasseries ou de théâtres, si on y vient déjeuner, faire ses courses ou réfléchir. On ne se demande pas si un concert est prévu dans la soirée. On passe ici comme on irait rendre visite à un groupe d’amis, avec l’assurance d’y vivre une expérience riche.Les clients troquent, participent à l’atelier d ‘écriture, dansent à la guinguette, échangent des recettes de cuisine ou empruntent des livres. Les expositions sont régulièrement renouvelées. Le public s’essaye parfois même à la scène : l’Aïon propose régulièrement des soirées au cours desquelles chacun peut chanter, prendre la guitare ou le djembé.
Le groupe Nimport’nawak à la Goul’Beun Aise. Photographie Phil Taret.
Si cette multiplicité d’offres apporte beaucoup de dynamisme, elle ne produit pas de suractivité. Il règne dans ces lieux une tranquillité et un art de vivre certains. Un rapport différent à la culture s’instaure. On ne vient pas « voir un spectacle ». On vient partager un moment musical avec d’autres. Pour autant, les programmations sont riches. François-Cyril affirme : « Je me rends souvent chez les disquaires parisiens. Là-bas, ils connaissent tous Le Barbarella. Il est identifié pour proposer des musiques de qualité ».
Qualité musicale, qualité de l’alimentation. Qualité de vie. Les bars culturels de la ville sont finalement en phase avec la vie rochelaise.Isabelle Chaumardhttp://assisesdelaculture.larochelle.fr/dans-les-bars-culturels-un-certain-art-de-vivre/