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[feuilleton] "Tardieu à 360°", #6, L'accent aigu", par Frédérique Martin-Scherrer

Par Florence Trocmé

Tardieu à 360° #6 : L’accent aigu

Ce que manifestaient les recueils du premier cycle, à travers les œuvres écrites pendant l’Occupation et publiées en recueil entre 1944 et 1948, c’étaient non seulement un sentiment d’angoisse latent, mais aussi une expression de l’horreur et de la révolte suscitées par la guerre, voire un témoignage à chaud (« Oradour »). Parmi ces textes, beaucoup atteignent à une très grande force expressive, au point qu’il n’est plus possible de surenchérir. Alors, que dire, que faire lorsque le dévoilement de la barbarie nazie à travers la découverte par le public des camps de concentration ouvre, sous le sol de la guerre, de ses bombardements, de ses exécutions et de ses massacres, un deuxième sous-sol, infiniment plus effroyable et qui touche à l’impensable ? S’il est difficile d’estimer la part de l’actualité dans la poésie de Jean Tardieu, qui a tendance à se situer en deçà des événements, à un niveau plus profond, plus universel, force est de constater que son écriture poétique ne reste pas indemne. Le soupçon qu’il éprouve déjà à l’égard du lyrisme, dans lequel il décèle une trouble jouissance à pratiquer la déploration et qu’il va jusqu’à considérer comme une forme de collaboration sournoise à tout ce qui nous menace, le pousse à retourner le gant, à passer de l’ « accent grave » à l’« accent aigu ».
À cela s’ajoute l’effervescence qui s’empare des esprits après la Libération : tous les témoins soulignent cette sorte de jubilation, cette frénésie de création, cette explosion de fantaisie et d’humour qui reflètent l’ambiance de l’époque et se concentrent en particulier au Club d’essai dirigé par Jean Tardieu, avec la collaboration, pendant une certaine période, de Raymond Queneau, à qui est dédiée la première apparition du Professeur Froeppel en volume, dans une note au bas d’un poème de Monsieur Monsieur. Il est certain que cet « air du temps » a galvanisé, chez le poète, une vis comica qui, déjà, était en gestation depuis assez longtemps, comme le démontre l’examen de ses archives. (1)
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