"Ça fait une semaine que je te coures après... Tu me prends pour un kényan ?"
Je ne suis pas un grand fan de Jamel Debbouze. Je veux bien reconnaître qu'il me fait rire mais il me lasse assez vite aussi. Cependant, j'avais quand même envie de voir "Pourquoi j'ai pas mangé mon père" car j'étais curieux de voir sa première mise en scène et je souhaitais faire le déplacement aussi pour ce qui s'avère être (selon ce que j'ai pu lire), le premier film d'Europe en motion capture.
Bref, passé la motivation qui a fait que je me suis déplacé, je voulais quand même être confiant et globalement, j'ai eu raison. Ce n'est pas la grosse claque humoristique que j'ai pu lire selon certains critiques mais le scénario écrit par Jamel Debbouze, Frédéric Fougea et Jean-Luc Fromental d'après l’œuvre de Roy Lewis m'a bien plu. Je comprends même pourquoi ce projet tenait tant à cœur à Jamel Debbouze car on retrouve dans cette histoire (au-delà de son humour propre ce qui est logique) de nombreux thèmes que l'acteur aime abordé comme le racisme, la tolérance, l'ouverture d'esprit etc etc.
Maintenant, l'extase ne fut pas totale car je m'attendais quand même à quelque chose de beaucoup plus drôle. J'ai bien eu de nombreux sourires mais l'ensemble reste quand même assez léger devant ce récit très conventionnel. C'est assez lisse je trouve et bien que ça reste cohérent, il manque sans doute à mes yeux un peu de folie pour que le résultat soit percutant. Du coup, je ne me suis pas ennuyé mais il est vrai que je suis quand même resté un peu sur ma faim. J'ai apprécié ce discours globalement gentillet et positif mais cette sensation de l'avoir déjà entendu chez Jamel Debbouze et de la même façon a fait que je n'y ait rien trouvé de vraiment original.
Le long métrage sent l'honnêteté en tout cas. Que l'on aime ou pas, l'équipe de ce film respire la sincérité sur ce projet et c'est plutôt louable. Jamel Debbouze sur tous les fronts semble parfaitement à l'aise dans la peau d'Edouard. En même temps, il est dans un registre qu'il maitrise bien et même si il est bien mis en avant comparé aux autres qui s'avère un peu sous exploité derrière, l'humoriste fait ce que l'on attends de lui. A ses côtés, Mélissa Theuriau en Lucy s'en sort bien aussi. En même temps, elle n'a pas beaucoup à se forcer pour être complice avec Jamel Debbouze, son conjoint à la ville, mais c'est assez plaisant de voir ses "premiers pas" au cinéma autrement que pour juste du doublage.
Concernant Louis De Funès, je suis un peu plus sceptique. J'adore cet acteur, c'est lui qui m'a fait aimer les comédies françaises et c'est vrai que j'ai ressenti durant toute ma séance un petit malaise à retrouver ses mimiques et sa voix. Maintenant, je dois quand même admettre que la technologie a fait un sacré chemin. Bien que l'animation l'ait changé, Patrice Thibaud prête bien sa silhouette (qui a été très modifié du coup) mais l'aura de Louis De Funès pour le personnage de Vladimir fait quand même plaisir. Vraiment, ce n'est pas détestable c'est juste que j'ai eu du mal à adhérer à fond au concept.
Le reste de la distribution est sinon correct. Que ce soit via la motion capture (dur de juger ce procédé dont une multitude de détail est par la suite totalement modifié par ordinateur...) ou via le doublage. Les différents personnages prennent globalement bien vie sous nos yeux et je me suis vite senti intégré dans cette communauté même si c'est quand même très bruyant. D'ailleurs, le scénario aurait peut-être pu calmer un peu les choses car ça devient parfois énervant je trouve. Je retiens en tout cas surtout Arié Elmaleh en Ian qui est assez émouvant comme personnage ainsi que Diouc Koma en Vania dont le doublage est bien exécuté par Adrien Antoine.
Dans la mise en scène, Jamel Debbouze, bien assisté par Frédéric Fougea, livre quelque chose de très correct. J'ai beau ne pas être totalement fan de ce qu'il fait, pour sa première réalisation, il s'en tire quand même avec les honneurs. L'animation est très propre, c'est lisse, c'est coloré et visuellement, c'est agréable à suivre avec des plans bien pensés qui colle bien avec l'énergie de ce long métrage. On reconnait bien les traits de certains comédiens tandis que la motion capture s'avère utilisé avec justesse.
Les différents décors auraient pu posséder un peu plus de folie mais ils sont sympathiques aussi. N'ayant pas lu le livre d'origine, je ne sais pas ce que Jamel Debbouzze a changé (en plus du "pas" au titre du film qu'il a rajouté) mais j'ai trouvé que ça fonctionnait bien. C'est en tout cas un film qui ne fait pas de mal et même si dans le genre on a déjà vu mieux, j'ai quand même envie de féliciter ce projet européen qui peut ouvrir d'autres portes par la suite.
Je ne sais pas ce que vaut la 3D car une nouvelle fois, je voulais voir ce film en 2D mais les effets visuels sont en tout cas réussis. Le montage fait qu'on ne s'ennuie pas trop (sauf peut-être si on n’adhère vraiment pas à l'humour de Jamel Debbouze) et la durée de cette œuvre est juste comme il le faut. Quant à la bande originale composée par Laurent Perez Del Mar, je l'ai trouvé vraiment très agréable et discrète malgré un choix de chanson pertinent qui colle bien à l'atmosphère.
Pour résumer, j'avais lu quelques éloges qui fait que j'attendais un peu plus de "Pourquoi j'ai pas mangé mon père" mais ça reste quand même un film d'animation sympathique. Classique, gentillet et bien propre sur lui, il y a malgré tout de la sincérité dans ce projet qui fait que je ne peux que l'apprécier. Maintenant, ce n’est pas un film que je reverrais de nombreuses fois mais avec parcimonie, il se laisse quand même suivre.