L'Est Républicain est repris par le Crédit Mutuel qui efface du coup les 400 millions d'euros de dette du groupe de presse de Houdemont dans la banlieue de Nancy. Conséquences directes, un plan de restructuration à la clé et la fusion de la Liberté de l'Est (diffusion dans les Vosges) et l'Est Républicain Vosges, reclassements, 75 suppressions d'emplois, fermeture de l'imprimerie de Golbey...et ce de façon très rapide.
"L'Est" qui contrôle les Dernières Nouvelles d'Alsace (DNA) ainsi que 51% du groupe de presse EBRA (auquel appartient le Dauphiné et Le Progrès) avec le Crédit Mutuel se voit donc mis sous la tutelle et le joug de son partenaire bancaire qui attendait ce moment de faiblesse et de dépendance du journal pour étendre son empire dans la presse quotidienne régionale.
Le Républicain Lorrain l'an dernier
L'an dernier le Crédit Mutuel avait déjà racheté le quotidien régional de Moselle "Le Républicain Lorrain". Le "Répu" possédé depuis sa fondation par la famille Puhl-Demange a connu une brutale révolution qui a bouleversé sa philosophie, les pratiques et la culture de la maison par des départs et l'arrivée de nouveaux journalistes. De nombreux journalistes messeins avaient alors fait valoir leur clause de conscience pour quitter la maison qui les avait accueilli, reprise et dirigée par le monde bancaire.
En sera-t-il de même demain à l'Est Républicain? Probablement. Ce n'est là que la première phase apparente de cette restructuration. La plus lourde pour le contenu sera aussi la plus latente. D'autres questions sont à poser: Quel sera le projet éditorial de ce nouveau journal fusionné des Vosges? Qu'en sera-t-il de l'indépendance rédactionnelle des journalistes de l'Est Républicain demain? Qu'en est-il de cette position ultra-dominante sur le marché de la PQR par le Crédit Mutuel par rapport au droit de la concurrence? Quel est à terme le projet industriel du Crédit Mutuel? Peut-être est de racheter la régie de France 3 région Lorraine Champagne Ardennes, basée à Vandoeuvre-lès-Nancy?
Gérard Lignac, un des plus vieux capitaines de la presse quotidienne française a signé en tout cas la fin d'un monde. Ce monde qui tremble de partout en ce moment de la télévision en passant par la radio et ce jusque dans la presse quotidienne régionale.