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C’est l’histoire d’un chien qui n’en finit pas d’aboyer dans
une petite ville, sous le soleil d’un été impitoyable, en 1919. Ou c’est
l’histoire du propriétaire de ce chien, Morlac, le seul prisonnier de
l’endroit. A moins que ce soit l’histoire de la confrontation entre Hugues
Lantier du Grez, chef d’escadron, juge militaire, et Morlac, le premier ayant à
décider du sort du second. Sinon, c’est l’histoire de Valentine, l’amoureuse de
Morlac et la mère de son enfant, vivant en bordure d’un hameau où le juge va en
vélo pour parler et comprendre quel est le rapport entre les différents
éléments de son dossier.
Car, bien sûr, il faut relier tout cela, donner un sens à
des événements disparates dont certains se sont déroulés sur un front lointain,
du côté de Salonique. Avec Morlac. Et le chien. Et des soldats qui auraient
voulu arrêter de se battre, dont une tentative manquée pour faire la paix entre
eux finit en acte de bravoure aux yeux des autorités. Le ridicule de la guerre,
sous la logique d’une hiérarchie qui ne comprend pas, ne veut rien comprendre
aux hommes…
Court roman ou longue nouvelle, Le collier rouge en impose par le choc de deux volontés
contradictoires. Le juge aimerait se débarrasser de cette affaire, remettre Morlac
en liberté et même, bienfaiteur omnipotent, lui faire retrouver l’amour de
Valentine. L’accusé – de quoi ? on le verra – s’est, pour toujours
semble-t-il, braqué contre l’autorité et s’y oppose jusqu’à préférer une
condamnation à une injuste absolution. Reste le chien, témoin bruyant d’un
drame humain conduit comme un huis clos qui s’ouvre progressivement. Et la
belle maîtrise de Jean-Christophe Rufin. Retrouvée aussi, ces jours-ci, dans son tout nouveau roman, Check-point.