Un bilan solide pour 2014, mais toujours des défis à relever
Publié le 10 avril 2015 par ToulousewebAu-delŕ des résultats solides pour l’exercice 2014 de la filičre des industries aéronautiques et spatiales comme ce fut présenté par son président Marwan Lahoud jeudi 9 avril, il a lancé un appel sérieux ŕ la formation professionnelle car la filičre manque cruellement de compagnons.
Certes le Gifas a présenté une année solide avec un chiffre d’affaires de 50,7 Md€ en hausse ŕ périmčtre constant de 2,3 % par rapport ŕ l’exercice 2013. Ses prises de commandes ont égalé le męme record qu’en 2013 ŕ 73 Md€, ce qui porte le carnet de commandes de la filičre ŕ fin 2014 ŕ six années de production aprčs avoir retranché le montant des livraisons de l’année. Pour autant, force est de reconnaître que le marché France est en recul et que la progression des ventes se fait principalement ŕ l’export avec des ventes hors marché intérieur de 33,1 Md€, soit une progression de 6 % du CA ŕ l’export qui s’élčve ŕ 82 % du CA consolidé.
Pour Emmanuel Viellard, président du groupe des équipements aéronautiques et de défense (GEAD) du Gifas, la filičre est portée par le dynamisme de la chaîne des fournisseurs français (159 équipementiers et 158 PME adhérents au GEAD et au Comité Aéro-PME). Ainsi que le montre une étude menée par la Banque de France ŕ la demande du Gifas, les entreprises du GEAD confirment leur caractčre fortement exportateur, mais alors que le taux ŕ l’export du GEAD s’établissait ŕ 42,7 % en 2013, celui des Aero-PME atteignait ŕ peine les 27 %. Ce qui a mon sens démontre que la chaîne des fournisseurs français est encore trop dépendante des grands donneurs d’ordres français ou pour le moins pas assez diversifiée, ce qui représente un écueil au cas oů la situation économique voire la stratégie de l’un de ces donneurs d’ordres était modifiée.
Mais pour l’heure ce qui semble inquiéter le plus les responsables du Gifas –au demeurant tous industriels puisque Marwan Lahoud est directeur général délégué ŕ la stratégie et au marketing d’Airbus Group, tandis qu’Emmanuel Viellard est président-directeur général de Lisi Aerospace- est la difficulté ŕ recruter le personnel dont les industriels du Gifas ont le plus cruellement besoin pour conforter leurs prestations. L’emploi va se stabiliser en 2015, explique Marwan Lahoud qui rappelle qu’en 2014 10.000 recrutements ont eu lieu, ce qui représente la création de 2 000 emplois net et l’arrivée de 1 000 personnes que représentent les nouveaux adhérents au Gifas. En 2015, la filičre ne devrait procéder qu’ŕ 8 000 recrutements. Et une bonne partie du recrutement se fera en faveur de techniciens et d’opérateurs qualifiés tels que des ajusteurs, monteurs, soudeurs ou encore chaudronniers. Avec toute la malice qu’on lui connaît Marwan Lahoud a insisté sur le fait qu’on en n’est plus aux éclisses et aux coins (ŕ savoir le marteau et l’enclume) mais aux écrans vidéo, car il s’agit pour les opérateurs de piloter des équipements ŕ commande numérique donc dotés d’écrans.
Force est toutefois de reconnaître qu’il y a peu d’engouement du côté des jeunes pour ces métiers, notamment de chaudronniers aéronautiques. Il faut donc leur prouver qu’il y a un avenir dans ces professions. Et de citer deux exemples de recrutement en France oů pour l’un l’équipementier français a dű embaucher du personnel polonais et tunisien pour ses usines françaises, ou encore cet autre fournisseur du domaine des aciers et de la forge qui s’est tourné vers Pôle Emploi pour recruter 50 opérateurs dans une région au taux de chômage trčs élevé. Sur les 3 000 personnes contactées, 300 réponses ont été reçues, mais seulement 100 personnes se sont présentées. Et sur les 50 finalement sélectionnées, 47 seulement étaient encore présentes dans l’entreprise au bout de leur 3 mois de CDD et un an aprčs il n’en reste plus que 37.
Pourtant les initiatives ne manquent pas pour non seulement motiver les jeunes - ce qui sera fait une fois encore au Salon du Bourget avec la présence de l’avion des métiers -, mais aussi de formation. Dans ce domaine il faut saluer l’initiative de la formation en alternance en coopération étroite entre grands groupes (qui dispose des structures d’accueil) et les PME qui n’ont pas toujours les moyens d’accueillir des alternants. A fin 2014 la filičre comptait 6 000 jeunes en alternance (soit + 50 % par rapport ŕ 2010) alors que 100 parcours partagés d’apprentissage avaient été engagés. En 2015 le Gifas estime que le niveau élevé d’embauches de jeunes sera maintenu par la profession dont plus de 200 bénéficieront d’un parcours partagé d’apprentissage entre une grande entreprise et une PME.
Une initiative de formation qui trouve aussi son pendant par l’effort d’investissement d’industriels dans des lycées et des Centres de formation des apprentis ŕ travers la France, que ce soit ŕ Toulouse, ŕ Méaulte, ŕ Bordes ou ŕ Figeac. Le Gifas apporte son soutien financier ŕ nombre d’initiatives. Sans compter d’autres actions comme celle de la Fondation Isae qui œuvre en faveur du soutien de la profession aux formations d’ingénieurs aéronautiques. C’est au prix de tous ces efforts que la chaîne des fournisseurs qui va du donneur d’ordres ŕ la plus petite PME gagnera encore plus de performance et de capacité ŕ relever les défis ŕ venir dont le premier est celui de l’augmentation des cadences tout en gagnant en performances industrielles.
Nicole Beauclair pour AeroMorning